quinta-feira, 31 de outubro de 2013

«Je suis pauvre, je ne puis pas faire la charité»

15. Mes chers amis, chaque jour j'en entends parmi vous qui disent : «Je suis pauvre, je ne puis pas faire la charité »; et chaque jour je vous vois manquer d'indulgence pour vos semblables ; vous ne leur pardonnez rien, et vous vous érigez en juges souvent sévères, sans vous demander si vous seriez satisfaits qu'on en fît autant à votre égard. L'indulgence n'est-elle pas aussi de la charité ? Vous qui ne pouvez faire que la charité indulgente, faites-la au moins, mais faites-la grandement. Pour ce qui est de la charité matérielle, je veux vous raconter une histoire de l'autre monde.

Deux hommes venaient de mourir ; Dieu avait dit : Tant que ces deux hommes vivront, on mettra dans un sac chacune de leurs bonnes actions, et à leur mort on pèsera ces sacs. Quand ces deux hommes arrivèrent à leur dernière heure, Dieu se fit apporter les deux sacs ; l'un était gros, grand, bien bourré, il résonnait le métal qui le remplissait ; l'autre était tout petit, et si mince, qu'on voyait à travers les rares sous qu'il contenait ; et chacun de ces hommes reconnut son sac : Voici le mien, dit le premier : je le reconnais ; j'ai été riche et j'ai beaucoup donné. Voilà le mien, dit l'autre ; j'ai toujours été pauvre, hélas ! je n'avais presque rien à partager. Mais, ô surprise ! les deux sacs mis dans la balance, le plus gros devint léger, et le petit s'alourdit, si bien qu'il emporta de beaucoup l'autre côté de la balance. Alors Dieu dit au riche : Tu as beaucoup donné, c'est vrai, mais tu as donné par ostentation, et pour voir ton nom figurer à tous les temples de l'orgueil, et de plus en donnant tu ne t'es privé de rien ; vas à gauche et sois satisfait que l'aumône te soit comptée encore pour quelque petite chose. Puis il dit au pauvre : Tu as bien peu donné, toi, mon ami ; mais chacun des sous qui sont dans cette balance représente une privation pour toi ; si tu n'as pas fait l'aumône, tu as fait la charité, et ce qu'il y a de mieux, tu as fait la charité naturellement, sans penser qu'on t'en tiendrait compte ; tu as été indulgent ; tu n'as pas jugé ton semblable, tu l'as au contraire excusé dans toutes ses actions : passe à droite, et va recevoir ta récompense. 

- Un Esprit protecteur.
Lyon, 1861.


Extrait du Chapitre XIII - Que votre main gauche ne sache pas ce que donne votre main droite - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

quarta-feira, 30 de outubro de 2013

Il y a plusieurs manières de faire la charité

14. Il y a plusieurs manières de faire la charité que beaucoup d'entre vous confondent avec l'aumône ; il y a pourtant une grande différence. L'aumône, mes amis, est quelquefois utile, car elle soulage les pauvres ; mais elle est presque toujours humiliante et pour celui qui la fait et pour celui qui la reçoit. La charité, au contraire, lie le bienfaiteur et l'obligé, et puis elle se déguise de tant de manières ! On peut être charitable même avec ses proches, avec ses amis, en étant indulgents les uns envers les autres, en se pardonnant ses faiblesses, en ayant soin de ne froisser l'amour-propre de personne ; pour vous, spirites, dans votre manière d'agir envers ceux qui ne pensent pas comme vous ; en amenant les moins clairvoyants à croire, et cela sans les heurter, sans rompre en visière avec leurs convictions, mais en les amenant tout doucement à nos réunions où ils pourront nous entendre, et où nous saurons bien trouver la brèche du coeur par où nous devrons pénétrer. Voilà pour un côté de la charité.

Ecoutez maintenant la charité envers les pauvres, ces déshérités icibas, mais ces récompensés de Dieu, s'ils savent accepter leurs misères sans murmurer, et cela dépend de vous. Je vais me faire comprendre par un exemple.

Je vois plusieurs fois dans la semaine une réunion de dames : il y en a de tous les âges ; pour nous, vous le savez, elles sont toutes soeurs. Que font-elles donc ? Elles travaillent vite, vite ; les doigts sont agiles ; aussi voyez comme les visages sont radieux, et comme les coeurs battent à l'unisson ! mais quel est leur but ? c'est qu'elles voient approcher l'hiver qui sera rude pour les pauvres ménages ; les fourmis n'ont pas pu amasser pendant l'été le grain nécessaire à la provision, et la plupart des effets sont engagés ; les pauvres mères s'inquiètent et pleurent en songeant aux petits enfants qui, cet hiver, auront froid et faim ! Mais patience, pauvres femmes ! Dieu en a inspiré de plus fortunées que vous ; elles se sont réunies et vous confectionnent de petits vêtements ; puis un de ces jours, quand la neige aura couvert la terre et que vous murmurerez en disant : «Dieu n'est pas juste,» car c'est votre parole ordinaire à vous qui souffrez ; alors vous verrez apparaître un des enfants de ces bonnes travailleuses qui se sont constituées les ouvrières des pauvres ; oui, c'est pour vous qu'elles travaillaient ainsi, et votre murmure se changera en bénédiction, car dans le coeur des malheureux l'amour suit de bien près la haine.

Comme il faut à toutes ces travailleuses un encouragement, je vois les communications des bons Esprits leur arriver de toutes parts ; les hommes qui font partie de cette société apportent aussi leur concours en faisant une de ces lectures qui plaisent tant ; et nous, pour récompenser le zèle de tous et de chacun en particulier, nous promettons à ces ouvrières laborieuses une bonne clientèle qui les payera, argent comptant, en bénédictions, seule monnaie qui ait cours au ciel, leur assurant en outre, et sans crainte de trop nous avancer, qu'elle ne leur manquera pas. 

- Carita (Esprit).
Lyon, 1861.


Extrait du Chapitre - Que votre main gauche ne sache pas ce que donne votre main droite - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

terça-feira, 29 de outubro de 2013

La route principale qui conduit vers Dieu

13. Je me nomme la charité, je suis la route principale qui conduit vers Dieu ; suivez-moi, car je suis le but où vous devez tous viser. 

J'ai fait ce matin ma tournée habituelle, et, le coeur navré, je viens vous dire : Oh ! mes amis, que de misères, que de larmes, et combien vous avez à faire pour les sécher toutes ! J'ai vainement cherché à consoler de pauvres mères ; je leur disais à l'oreille : Courage ! il y a de bons coeurs qui veillent sur vous ; on ne vous abandonnera pas ; patience ! Dieu est là ; vous êtes ses aimées, vous êtes ses élues. Elles paraissaient m'entendre et tournaient de mon côté de grands yeux égarés ; je lisais sur leur pauvre visage que leur corps, ce tyran de l'Esprit, avait faim, et que si mes paroles rassérénaient un peu leur coeur, elles ne remplissaient pas leur estomac. Je répétais encore : Courage ! courage ! Alors une pauvre mère, toute jeune, qui allaitait un petit enfant, l'a pris dans ses bras et l'a tendu dans l'espace vide, comme pour me prier de protéger ce pauvre petit être qui ne prenait à un sein stérile qu'une nourriture insuffisante.

Ailleurs, mes amis, j'ai vu de pauvres vieillards sans travaux et bientôt sans asile, en proie à toutes les souffrances du besoin, et, honteux de leur misère, n'osant pas, eux qui n'ont jamais mendié, aller implorer la pitié des passants. Le coeur ému de compassion, moi qui n'ai rien, je me suis faite mendiante pour eux, et je vais de tous côtés stimuler la bienfaisance, souffler de bonnes pensées aux coeurs généreux et compatissants. C'est pourquoi je viens à vous, mes amis, et je vous dis : Là-bas il y a des malheureux dont la huche est sans pain, le foyer sans feu et le lit sans couverture. Je ne vous dis pas ce que vous devez faire ; j'en laisse l'initiative à vos bons coeurs ; si je vous dictais votre ligne de conduite, vous n'auriez plus le mérite de votre bonne action ; je vous dis seulement : Je suis la charité, et je vous tends la main pour vos frères souffrants.

Mais si je demande, je donne aussi et je donne beaucoup ; je vous convie à un grand banquet, et je fournis l'arbre où vous vous rassasierez tous ! Voyez comme il est beau, comme il est chargé de leurs et de fruits ! Allez, allez, cueillez, prenez tous les fruits de ce bel arbre qui s'appelle la bienfaisance. A la place des rameaux que vous aurez pris, j'attacherai toutes les bonnes actions que vous ferez, et je rapporterai cet arbre à Dieu pour qu'il le charge de nouveau, car la bienfaisance est inépuisable. Suivez-moi donc, mes amis, afin que je vous compte parmi ceux qui s'enrôlent sous ma bannière ; soyez sans crainte ; je vous conduirai dans la voie du salut, car je suis la Charité.  

- Carita, martyrisée à Rome (Esprit). 
Lyon, 1861.


Extrait du Chapitre XIII - Que votre main gauche ne sache pas ce que donne votre main droite - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

segunda-feira, 28 de outubro de 2013

La clef des cieux

12. Soyez bons et charitables, c'est la clef des cieux que vous tenez en vos mains ; tout le bonheur éternel est renfermé dans cette maxime : Aimez-vous les uns les autres. L'âme ne peut s'élever dans les régions spirituelles que par le dévouement au prochain ; elle ne trouve de bonheur et de consolation que dans les élans de la charité ; soyez bons, soutenez vos frères, laissez de côté l'affreuse plaie de l'égoïsme ; ce devoir rempli doit vous ouvrir la route du bonheur éternel. Du reste, qui d'entre vous n'a senti son coeur bondir, sa joie intérieure se dilater au récit d'un beau dévouement, d'une oeuvre vraiment charitable ? Si vous ne recherchiez que la volupté que procure une bonne action, vous resteriez toujours dans le chemin du progrès spirituel. Les exemples ne vous manquent pas ; il n'y a que les bonnes volontés qui sont rares. Voyez la foule des hommes de bien dont votre histoire vous rappelle le pieux souvenir.

Le Christ ne vous a-t-il pas dit tout ce qui concerne ces vertus de charité et d'amour ? Pourquoi laisse-t-on de côté ses divins enseignements ? Pourquoi ferme-t-on l'oreille à ses divines paroles, le coeur à toutes ses douces maximes ? Je voudrais qu'on apportât plus d'intérêt, plus de foi aux lectures évangéliques ; on délaisse ce livre, on en fait un mot creux, une lettre close ; on laisse ce code admirable dans l'oubli : vos maux ne proviennent que de l'abandon volontaire que vous faites de ce résumé des lois divines. Lisez donc ces pages toutes brûlantes du dévouement de Jésus, et méditez-les.

Hommes forts, ceignez-vous ; hommes faibles, faites-vous des armes de votre douceur, de votre foi ; ayez plus de persuasion, plus de constance dans la propagation de votre nouvelle doctrine ; ce n'est qu'un encouragement que nous sommes venus vous donner, ce n'est que pour stimuler votre zèle et vos vertus que Dieu nous permet de nous manifester à vous ; mais si on voulait, on n'aurait besoin que de l'aide de Dieu et de sa propre volonté : les manifestations spirites ne sont faites que pour les yeux fermés et les coeurs indociles. 

La charité est la vertu fondamentale qui doit soutenir tout l'édifice des vertus terrestres ; sans elle les autres n'existent pas. Sans la charité point d'espoir dans un sort meilleur, pas d'intérêt moral qui nous guide ; sans la charité point de foi, car la foi n'est qu'un pur rayon qui fait briller une âme charitable.

La charité est l'ancre éternelle du salut dans tous les globes : c'est la plus pure émanation du Créateur lui-même ; c'est sa propre vertu qu'il donne à la créature. Comment voudrait-on méconnaître cette suprême bonté ? Quel serait, avec cette pensée, le coeur assez pervers pour refouler et chasser ce sentiment tout divin ? Quel serait l'enfant assez méchant pour se mutiner contre cette douce caresse : la charité ? 

Je n'ose pas parler de ce que j'ai fait, car les Esprits ont aussi la pudeur de leurs oeuvres ; mais je crois celle que j'ai commencée une de celles qui doivent le plus contribuer au soulagement de vos semblables. Je vois souvent les Esprits demander pour mission de continuer ma tâche ; je les vois, mes douces et chères soeurs, dans leur pieux et divin ministère ; je les vois pratiquer la vertu que je vous recommande, avec toute la joie que procure cette existence de dévouement et de sacrifices ; c'est un grand bonheur pour moi de voir combien leur caractère est honoré, combien leur mission est aimée et doucement protégée. Hommes de bien, de bonne et forte volonté, unissez-vous pour continuer grandement l'oeuvre de propagation de la charité ; vous trouverez la récompense de cette vertu par son exercice même ; il n'est pas de joie spirituelle qu'elle ne donne dès la vie présente. Soyez unis ; aimez-vous les uns les autres selon les préceptes du Christ. Ainsi soit-il.

- Saint Vincent de Paul (Esprit).
Paris, 1858.


Extrait du Chapitre XIII - Que votre main gauche ne sache pas ce que donne votre main droite - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

domingo, 27 de outubro de 2013

La bienfaisance

11. La bienfaisance, mes amis, vous donnera dans ce monde les plus pures et les plus douces jouissances, les joies du coeur qui ne sont troublées ni par le remords, ni par l'indifférence. Oh ! puissiez-vous comprendre tout ce que renferme de grand et de doux la générosité des belles âmes, ce sentiment qui fait que l'on regarde autrui du même oeil que l'on se regarde soi-même, qu'on se dépouille avec joie pour couvrir son frère. Puissiez-vous, mes amis, n'avoir de plus douce occupation que celle de faire des heureux ! Quelles sont les fêtes du monde que vous puissiez comparer à ces fêtes joyeuses, quand, représentants de la Divinité, vous rendez la joie à ces pauvres familles qui ne connaissent de la vie que les vicissitudes et les amertumes ; quand vous voyez soudain ces visages flétris rayonner d'espérance, car ils n'avaient pas de pain, ces malheureux, et leurs petits enfants, ignorant que vivre c'est souffrir, criaient, pleuraient et répétaient ces paroles qui s'enfonçaient comme un glaive aigu dans le coeur maternel : J'ai faim !... Oh ! comprenez combien sont délicieuses les impressions de celui qui voit renaître la joie là où, un instant auparavant, il ne voyait que désespoir ! Comprenez quelles sont vos obligations envers vos frères ! Allez, allez au devant de l'infortune ; allez au secours des misères cachées surtout, car ce sont les plus douloureuses. Allez, mes bien aimés, et souvenez-vous de ces paroles du Sauveur : «Quand vous vêtirez un de ces petits, songez que c'est à moi que vous le faites !»

Charité ! mot sublime qui résume toutes les vertus, c'est toi qui dois conduire les peuples au bonheur ; en te pratiquant, ils se créeront des jouissances infinies pour l'avenir, et pendant leur exil sur la terre, tu seras leur consolation, l'avant-goût des joies qu'ils goûteront plus tard quand ils s'embrasseront tous ensemble dans le sein du Dieu d'amour. C'est toi, vertu divine, qui m'as procuré les seuls moments de bonheur que j'aie goûtés sur la terre. Puissent mes frères incarnés croire la voix de l'ami qui leur parle et leur dit : C'est dans la charité que vous devez chercher la paix du coeur, le contentement de l'âme, le remède contre les afflictions de la vie. Oh ! quand vous êtes sur le point d'accuser Dieu, jetez un regard au-dessous de vous ; voyez que de misères à soulager ; que de pauvres enfants sans famille ; que de vieillards qui n'ont pas une main amie pour les secourir et leur fermer les yeux quand la mort les réclame ! Que de bien à faire ! Oh ! ne vous plaignez pas ; mais, au contraire, remerciez Dieu, et prodiguez à pleines mains votre sympathie, votre amour, votre argent à tous ceux qui, déshérités des biens de ce monde, languissent dans la souffrance et dans l'isolement. Vous recueillerez ici-bas des joies bien douces, et plus tard... Dieu seul le sait !... 

- Adolphe, évêque d'Alger (Esprit). 
Bordeaux, 1861.


Extrait du Chapitre XIII - Que votre main gauche ne sache pas ce que donne votre main droite - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

sábado, 26 de outubro de 2013

«Aimez-vous les uns les autres»

10. Mes amis, j'ai entendu plusieurs d'entre vous se dire : Comment puis-je faire la charité ? souvent je n'ai pas même le nécessaire ! 

La charité, mes amis, se fait de bien des manières ; vous pouvez faire la charité en pensées, en paroles et en actions. En pensées : en priant pour les pauvres délaissés qui sont morts sans avoir été à même de voir la lumière ; une prière du coeur les soulage. En paroles : en adressant à vos compagnons de tous les jours quelques bons avis ; dites aux hommes aigris par le désespoir, les privations, et qui blasphèment le nom du TrèsHaut : «J'étais comme vous ; je souffrais, j'étais malheureux, mais j'ai cru au Spiritisme, et voyez, je suis heureux maintenant.» Aux vieillards qui vous diront : «C'est inutile ; je suis au bout de ma carrière ; je mourrai comme j'ai vécu.» Dites à ceux-là : «Dieu a pour nous tous une justice égale ; rappelez-vous les ouvriers de la dixième heure.» Aux petits enfants qui, déjà viciés par leur entourage, s'en vont rôder par les chemins, tout prêts à succomber aux mauvaises tentations, dites-leur : «Dieu vous voit, mes chers petits,» et ne craignez pas de leur répéter souvent cette douce parole ; elle finira par prendre germe dans leur jeune intelligence, et au lieu de petits vagabonds, vous aurez fait des hommes. C'est encore là une charité.

Plusieurs d'entre vous disent aussi : «Bah ! nous sommes si nombreux sur la terre, Dieu ne peut pas nous voir tous.» Ecoutez bien ceci, mes amis : Quand vous êtes sur le sommet d'une montagne, est-ce que votre regard n'embrasse pas les milliards de grains de sable qui couvrent cette montagne ? Eh bien ! Dieu vous voit de même ; il vous laisse votre libre arbitre, comme vous laissez ces grains de sable aller au gré du vent qui les disperse ; seulement, Dieu, dans sa miséricorde infinie, a mis au fond de votre coeur une sentinelle vigilante qu'on appelle la conscience. Ecoutez-la ; elle ne vous donnera que de bons conseils. Parfois vous l'engourdissez en lui opposant l'esprit du mal ; elle se tait alors ; mais soyez sûrs que la pauvre délaissée se fera entendre aussitôt que vous lui aurez laissé apercevoir l'ombre du remords. Ecoutez-la, interrogez-la, et souvent vous vous trouverez consolés du conseil que vous en aurez reçu.

Mes amis, à chaque régiment nouveau le général remet un drapeau ; je vous donne, moi, cette maxime du Christ : «Aimez-vous les uns les autres.» Pratiquez cette maxime ; réunissez-vous tous autour de cet étendard, et vous en recevrez le bonheur et la consolation. 

- Un Esprit protecteur.
Lyon, 1860.


Extrait du Chapitre XIII - Que votre main gauche ne sache pas ce que donne votre main droite - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

sexta-feira, 25 de outubro de 2013

La charité matérielle et la charité morale

9. «Aimons-nous les uns les autres et faisons à autrui ce que nous voudrions qui nous fût fait.» Toute la religion, toute la morale se trouvent renfermées dans ces deux préceptes ; s'ils étaient suivis ici-bas, vous seriez tous parfaits : plus de haines, plus de dissentiments ; je dirai plus encore : plus de pauvreté, car du superflu de la table de chaque riche, bien des pauvres se nourriraient, et vous ne verriez plus, dans les sombres quartiers que j'ai habités pendant ma dernière incarnation, de pauvres femmes traînant après elles de misérables enfants manquant de tout.

Riches ! pensez un peu à cela ; aidez de votre mieux les malheureux ; donnez, pour que Dieu vous rende un jour le bien que vous aurez fait, pour que vous trouviez, au sortir de votre enveloppe terrestre, un cortège d'Esprits reconnaissants qui vous recevront au seuil d'un monde plus heureux.

Si vous pouviez savoir la joie que j'ai éprouvée en retrouvant là-haut ceux que j'avais pu obliger dans ma dernière vie !...

Aimez donc votre prochain ; aimez-le comme vous-mêmes, car vous le savez maintenant, ce malheureux que vous repoussez est peut-être un frère, un père, un ami que vous rejetez loin de vous ; et alors quel sera votre désespoir en le reconnaissant dans le monde des Esprits !

Je souhaite que vous compreniez bien ce que peut être la charité morale, celle que chacun peut pratiquer ; celle qui ne coûte rien de matériel, et cependant celle qui est plus difficile à mettre en pratique. 

La charité morale consiste à se supporter les uns les autres, et c'est ce que vous faites le moins, en ce bas monde où vous êtes incarnés pour le moment. Il y a un grand mérite, croyez-moi, à savoir se taire pour laisser parler un plus sot que soi ; et c'est encore là un genre de charité. Savoir être sourd quand un mot moqueur s'échappe d'une bouche habituée à railler ; ne pas voir le sourire dédaigneux qui accueille votre entrée chez des gens qui, souvent à tort, se croient au-dessus de vous, tandis que, dans la vie spirite, la seule réelle, ils en sont quelquefois bien loin ; voilà un mérite, non pas d'humilité, mais de charité ; car ne pas remarquer les torts d'autrui, c'est la charité morale.

Cependant cette charité ne doit pas empêcher l'autre ; mais pensez surtout à ne pas mépriser votre semblable ; rappelez-vous tout ce que je vous ai déjà dit : Il faut se souvenir sans cesse que, dans le pauvre rebuté, vous repoussez peut-être un Esprit qui vous a été cher, et qui se trouve momentanément dans une position inférieure à la vôtre. J'ai revu un des pauvres de votre terre que j'avais pu, par bonheur, obliger quelquefois, et qu'il m'arrive maintenant d'implorer à mon tour.

Rappelez-vous que Jésus a dit que nous sommes frères, et pensez toujours à cela avant de repousser le lépreux ou le mendiant. Adieu ; pensez à ceux qui souffrent, et priez. 

- Soeur Rosalie.
Paris, 1860.


Extrait du Chapitre - Que votre main gauche ne sache pas ce que donne votre main droite - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

quinta-feira, 24 de outubro de 2013

CONVIER LES PAUVRES ET LES ESTROPIÉS

7. Il dit aussi à celui qui l'avait invité : Lorsque vous donnerez à dîner ou à souper, n'y conviez ni vos amis, ni vos frères, ni vos parents, ni vos voisins qui seront riches, de peur qu'ils ne vous invitent ensuite à leur tour, et qu'ainsi ils ne vous rendent ce qu'ils avaient reçu de vous. - Mais lorsque vous faites un festin, conviez-y les pauvres, les estropiés, les boiteux et les aveugles ; - et vous serez heureux de ce qu'ils n'auront pas le moyen de vous le rendre ; car cela vous sera rendu dans la résurrection des justes. Un de ceux qui étaient à table, ayant entendu ces paroles, lui dit : Heureux celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu ! (Saint Luc, ch. XIV, v. de 12 à 15.)

8. «Lorsque vous faites un festin, dit Jésus, n'y conviez pas vos amis, mais les pauvres et les estropiés.» Ces paroles, absurdes, si on les prend à la lettre, sont sublimes si l'on en cherche l'esprit. Jésus ne peut avoir voulu dire qu'au lieu de ses amis il faut réunir à sa table les mendiants de la rue ; son langage était presque toujours figuré, et à des hommes incapables de comprendre les nuances délicates de la pensée, il fallait des images fortes, produisant l'effet des couleurs tranchantes. Le fond de sa pensée se révèle dans ces mots : «Vous serez heureux de ce qu'ils n'auront pas le moyen de vous le rendre ;» c'est dire qu'on ne doit point faire le bien en vue d'un retour, mais pour le seul plaisir de le faire. Pour donner une comparaison saisissante, il dit : Conviez à vos festins les pauvres, car vous savez que ceux-là ne pourront rien vous rendre ; et par festins  il faut entendre, non les repas proprement dits, mais la participation à l'abondance dont vous jouissez.

Cette parole peut cependant aussi recevoir son application dans un sens plus littéral. Que de gens n'invitent à leur table que ceux qui peuvent, comme ils le disent, leur faire honneur, ou qui peuvent les convier à leur tour ! D'autres, au contraire, trouvent de la satisfaction à recevoir ceux de leurs parents ou amis qui sont moins heureux ; or, qui est-ce qui n'en a pas parmi les siens ? C'est parfois leur rendre un grand service sans en avoir l'air. Ceux-là, sans aller recruter les aveugles et les estropiés, pratiquent la maxime de Jésus, s'ils le font par bienveillance, sans ostentation, et s'ils savent dissimuler le bienfait par une sincère cordialité.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XIII - Que votre main gauche ne sache pas ce que donne votre main droite - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

quarta-feira, 23 de outubro de 2013

LE DENIER DE LA VEUVE

5. Jésus étant assis vis-à-vis du tronc, considérait de quelle manière le peuple y jetait de l'argent, et que plusieurs gens riches y en mettaient beaucoup. - Il vint aussi une pauvre veuve qui y mit seulement deux petites pièces de la valeur d'un quart de sou. - Alors Jésus ayant appelé ses disciples, leur dit : Je vous dis en vérité, cette pauvre veuve a plus donné que tous ceux qui ont mis dans le tronc ; -car tous les autres ont donné de leur abondance, mais celle-ci a donné de son indigence, même tout ce qu'elle avait et tout ce qui lui restait pour vivre. (Saint Marc, ch. XII, v. de 41 à 44. - Saint Luc, ch. XXI, v. de 1 à 4.)

6. Beaucoup de gens regrettent de ne pouvoir faire autant de bien qu'ils le voudraient, faute de ressources suffisantes, et s'ils désirent la fortune, c'est, disent-ils, pour en faire un bon usage. L'intention est louable, sans doute, et peut être très sincère chez quelques-uns ; mais est-il bien certain qu'elle soit chez tous complètement désintéressée ? N'y en a-t-il pas qui, tout en souhaitant faire du bien aux autres, seraient bien aises de commencer par s'en faire à eux-mêmes, de se donner quelques jouissances de plus, de se procurer un peu du superflu qui leur manque, sauf à donner le reste aux pauvres ? Cette arrière-pensée, qu'ils se dissimulent peut-être, mais qu'ils trouveraient au fond de leur coeur s'ils voulaient y fouiller, annule le mérite de l'intention, car la vraie charité pense aux autres avant de penser à soi. Le sublime de la charité, dans ce cas, serait de chercher dans son propre travail, par l'emploi de ses forces, de son intelligence, de ses talents, les ressources qui manquent pour réaliser ses intentions généreuses ; là serait le sacrifice le plus agréable au Seigneur. Malheureusement la plupart rêvent des moyens plus faciles de s'enrichir tout d'un coup et sans peine, en courant après des chimères, comme les découvertes de trésors, une chance aléatoire favorable, le recouvrement d'héritages inespérés, etc. Que dire de ceux qui espèrent trouver, pour les seconder dans les recherches de cette nature, des auxiliaires parmi les Esprits ? Assurément ils ne connaissent ni ne comprennent le but sacré du spiritisme, et encore moins la mission des Esprits, à qui Dieu permet de se communiquer aux hommes ; aussi en sont-ils punis par les déceptions.

Ceux dont l'intention est pure de toute idée personnelle doivent se consoler de leur impuissance à faire autant de bien qu'ils le voudraient par la pensée que l'obole du pauvre, qui donne en se privant, pèse plus dans la balance de Dieu que l'or du riche qui donne sans se priver de rien. La satisfaction serait grande sans doute de pouvoir largement secourir l'indigence ; mais si elle est refusée, il faut se soumettre et se borner à faire ce qu'on peut. D'ailleurs, n'est-ce qu'avec l'or qu'on peut tarir les larmes, et faut-il rester inactif parce qu'on n'en possède pas ? Celui qui veut sincèrement se rendre utile à ses frères en trouve mille occasions ; qu'il les cherche, et il les trouvera ; si ce n'est d'une manière, c'est d'une autre, car il n'est personne, ayant la libre jouissance de ses facultés, qui ne puisse rendre un service quelconque, donner une consolation, adoucir une souffrance physique ou morale, faire une démarche utile ; à défaut d'argent, chacun n'a-t-il pas sa peine, son temps, son repos, dont il peut donner une partie ? Là aussi est l'obole du pauvre, le denier de la veuve.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XIII - Que votre main gauche ne sache pas ce que donne votre main droite - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

terça-feira, 22 de outubro de 2013

LES INFORTUNES CACHÉES

4. Dans les grandes calamités, la charité s'émeut, et l'on voit de généreux élans pour réparer les désastres ; mais, à côté de ces désastres généraux, il y a des milliers de désastres particuliers qui passent inaperçus, des gens qui gisent sur un grabat sans se plaindre. Ce sont ces infortunes discrètes et cachées que la vraie générosité sait aller découvrir sans attendre qu'elles viennent demander assistance.

Quelle est cette femme à l'air distingué, à la mise simple quoique soignée, suivie d'une jeune fille vêtue aussi modestement ? Elle entre dans une maison de sordide apparence où elle est connue sans doute, car à la porte on la salue avec respect. Où va-t-elle ? Elle monte jusqu'à la mansarde : là gît une mère de famille entourée de petits enfants ; à son arrivée la joie brille sur ces visages amaigris ; c'est qu'elle vient calmer toutes ces douleurs ; elle apporte le nécessaire assaisonné de douces et consolantes paroles qui font accepter le bienfait sans rougir, car ces infortunés ne sont point des mendiants de profession ; le père est à l'hôpital, et pendant ce temps la mère ne peut suffire aux besoins. Grâce à elle, ces pauvres enfants n'endureront ni le froid ni la faim ; ils iront à l'école chaudement vêtus, et le sein de la mère ne tarira pas pour les plus petits. S'il en est un de malade parmi eux, aucun soin matériel ne lui répugnera. De là elle se rend à l'hospice pour porter au père quelques douceurs et le tranquilliser sur le sort de sa famille. Au coin de la rue, l'attend une voiture, véritable magasin de tout ce qu'elle porte à ses protégés qu'elle visite ainsi successivement ; elle ne leur demande ni leur croyance, ni leur opinion, car pour elle tous les hommes sont frères et enfants de Dieu. Sa tournée finie, elle se dit : J'ai bien commencé ma journée. Quel est son nom ? où demeure-t-elle ? Nul ne le sait ; pour les malheureux, c'est un nom qui ne trahit rien ; mais c'est l'ange de consolation ; et, le soir, un concert de bénédictions s'élève pour elle vers le Créateur : catholiques, juifs, protestants, tous la bénissent. 

Pourquoi cette mise si simple ? C'est qu'elle ne veut pas insulter à la misère par son luxe. Pourquoi se fait-elle accompagner par sa jeune fille ? C'est pour lui apprendre comment on doit pratiquer la bienfaisance. Sa fille aussi veut faire la charité, mais sa mère lui dit : «Que peux-tu donner, mon enfant, puisque tu n'as rien à toi ? Si je te remets quelque chose pour le passer à d'autres, quel mérite auras-tu ? C'est en réalité moi qui ferais la charité et toi qui en aurais le mérite ; ce n'est pas juste. Quand nous allons visiter les malades, tu m'aides à les soigner ; or, donner des soins, c'est donner quelque chose. Cela ne te semble-t-il pas suffisant ? rien n'est plus simple ; apprends à faire des ouvrages utiles, et tu confectionneras des vêtements pour ces petits enfants ; de cette façon tu donneras quelque chose venant de toi.» C'est ainsi que cette mère vraiment chrétienne forme sa fille à la pratique des vertus enseignées par le Christ. Est-elle spirite ? Qu'importe !

Dans son intérieur, c'est la femme du monde, parce que sa position l'exige ; mais on ignore ce qu'elle fait, parce qu'elle ne veut d'autre approbation que celle de Dieu et de sa conscience. Pourtant un jour une circonstance imprévue conduit chez elle une de ses protégées qui lui rapportait de l'ouvrage ; celle-ci la reconnut et voulut bénir sa bienfaitrice. «Chut ! lui dit-elle ; ne le dites à personne.» Ainsi parlait Jésus.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XIII - Que votre main gauche ne sache pas ce que donne votre main droite - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

segunda-feira, 21 de outubro de 2013

FAIRE LE BIEN SANS OSTENTATION

1. Prenez garde de ne pas faire vos bonnes oeuvres devant les hommes pour en être regardés, autrement vous n'en recevrez point la récompense de votre Père qui est dans les cieux. - Lors donc que vous donnerez l'aumône, ne faites point sonner la trompette devant vous, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues pour être honorés des hommes. Je vous dis, en vérité, ils ont reçu leur récompense. - Mais lorsque vous faites l'aumône, que votre main gauche ne sache pas ce que fait votre main droite ; - afin que l'aumône soit dans le secret ; et votre Père, qui voit ce qui se passe dans le secret, vous en rendra la récompense. (Saint Matthieu, ch. VI, v. de 1 à 4.)

2. Jésus étant descendu de la montagne, une grande foule de peuple le suivit ; -et en même temps un lépreux vint à lui et l'adora en lui disant : Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir. - Jésus étendant la main, le toucha et lui dit : Je le veux, soyez guéri ; et à l'instant la lèpre fut guérie. - Alors Jésus lui dit : Gardezvous bien de parler de ceci à personne ; mais allez vous montrer aux prêtres, et offrez le don prescrit par Moïse, afin que cela leur serve de témoignage. (Saint Matthieu, ch. VIII, v. de 1 à 4.)

3. Faire le bien sans ostentation est un grand mérite ; cacher la main qui donne est encore plus méritoire ; c'est le signe incontestable d'une grande supériorité morale : car pour voir les choses de plus haut que le vulgaire, il faut faire abstraction de la vie présente et s'identifier avec la vie future ; il faut, en un mot, se placer au-dessus de l'humanité pour renoncer à la satisfaction que procure le témoignage des hommes et attendre l'approbation de Dieu. Celui qui prise le suffrage des hommes plus que celui de Dieu, prouve qu'il a plus de foi dans les hommes qu'en Dieu, et que la vie présente est plus pour lui que la vie future, ou même qu'il ne croit pas à la vie future ; s'il dit le contraire, il agit comme s'il ne croyait pas à ce qu'il dit.

Combien y en a-t-il qui n'obligent qu'avec l'espoir que l'obligé ira crier le bienfait sur les toits ; qui, au grand jour, donneront une grosse somme, et dans l'ombre ne donneraient pas une pièce de monnaie ! C'est pourquoi Jésus a dit : «Ceux qui font le bien avec ostentation ont déjà reçu leur récompense ;» en effet, celui qui cherche sa glorification sur la terre par le bien qu'il fait, s'est déjà payé lui-même ; Dieu ne lui doit plus rien ; il ne lui reste à recevoir que la punition de son orgueil.

Que la main gauche ne sache pas ce que donne la main droite, est une figure qui caractérise admirablement la bienfaisance modeste ; mais s'il y a la modestie réelle, il y a aussi la modestie jouée, le simulacre de la modestie ; il y a des gens qui cachent la main qui donne, en ayant soin d'en laisser passer un bout, regardant si quelqu'un ne la leur voit pas cacher. Indigne parodie des maximes du Christ ! Si les bienfaiteurs orgueilleux sont dépréciés parmi les hommes, que sera-ce donc auprès de Dieu ! Ceux-là aussi ont reçu leur récompense sur la terre. On les a vus ; ils sont satisfaits d'avoir été vus : c'est tout ce qu'ils auront.

Quelle sera donc la récompense de celui qui fait peser ses bienfaits sur l'obligé, qui lui impose en quelque sorte des témoignages de reconnaissance, lui fait sentir sa position en exaltant le prix des sacrifices qu'il s'impose pour lui ? Oh ! pour celui-là, il n'a pas même la récompense terrestre, car il est privé de la douce satisfaction d'entendre bénir son nom, et c'est là un premier châtiment de son orgueil ; les larmes qu'il tarit au profit de sa vanité, au lieu de monter au ciel, sont retombées sur le coeur de l'affligé et l'ont ulcéré. Le bien qu'il fait est sans profit pour lui, puisqu'il le reproche, car tout bienfait reproché est une monnaie altérée et sans valeur. 

L'obligeance sans ostentation a un double mérite ; outre la charité matérielle, c'est la charité morale ; elle ménage la susceptibilité de l'obligé ; elle lui fait accepter le bienfait sans que son amour-propre en souffre, et en sauvegardant sa dignité d'homme, car tel acceptera un service qui ne recevrait pas l'aumône ; or, convertir le service en aumône par la manière dont on le rend, c'est humilier celui qui le reçoit, et il y a toujours orgueil et méchanceté à humilier quelqu'un. La vraie charité, au contraire, est délicate et ingénieuse à dissimuler le bienfait, à éviter jusqu'aux moindres apparences blessantes, car tout froissement moral ajoute à la souffrance qui naît du besoin ; elle sait trouver des paroles douces et affables qui mettent l'obligé à son aise en face du bienfaiteur, tandis que la charité orgueilleuse l'écrase. Le sublime de la vraie générosité, c'est lorsque le bienfaiteur, changeant de rôle, trouve le moyen de paraître lui-même l'obligé vis-à-vis de celui à qui il rend service. Voilà ce que veulent dire ces paroles : Que la main gauche ne sache pas ce que donne la main droite.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XIII - Que votre main gauche ne sache pas ce que donne votre main droite - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

sábado, 19 de outubro de 2013

NE FAITES POINT AUX AUTRES CE QUE VOUS NE VOUDRIEZ PAS QU'ON VOUS FIT

14. Quelle opinion aura-t-on de moi, dites-vous souvent, si je refuse la réparation qui m'est demandée, ou si je n'en demande pas une à celui qui m'a offensé ? Les fous, comme vous, les hommes arriérés vous blâmeront ; mais ceux qui sont éclairés par le flambeau du progrès intellectuel et moral diront que vous agissez selon la véritable sagesse. Réfléchissez un peu ; pour une parole souvent dite en l'air ou très inoffensive de la part d'un de vos frères, votre orgueil se trouve froissé, vous lui répondez d'une manière piquante, et de là une provocation. Avant d'arriver au moment décisif, vous demandez-vous si vous agissez en chrétien ? quel compte vous devrez à la société si vous la privez d'un de ses membres ? Pensez-vous au remords d'avoir enlevé à une femme son mari, à une mère son enfant, à des enfants leur père et leur soutien ? Certainement celui qui a fait l'offense doit une réparation ; mais n'est-il pas plus honorable pour lui de la donner spontanément en reconnaissant ses torts, que d'exposer la vie de celui qui a droit de se plaindre ? Quant à l'offensé, je conviens que quelquefois on peut se trouver gravement atteint, soit dans sa personne, soit par rapport à ceux qui nous tiennent de près ; l'amour-propre n'est plus seulement en jeu, le coeur est blessé, il souffre ; mais outre qu'il est stupide de jouer sa vie contre un misérable capable d'une infamie, est-ce que, celui-ci étant mort, l'affront, quel qu'il soit, n'existe plus ? Le sang répandu ne donne-t-il pas plus de renommée à un fait qui, s'il est faux, doit tomber de lui-même, et qui, s'il est vrai, doit se cacher sous le silence ? Il ne reste donc que la satisfaction de la vengeance assouvie ; hélas ! triste satisfaction qui souvent laisse dès cette vie de cuisants regrets. Et si c'est l'offensé qui succombe, où est la réparation ?

Quand la charité sera la règle de conduite des hommes, ils conformeront leurs actes et leurs paroles à cette maxime : «Ne faites point aux autres ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît ;» alors disparaîtront toutes les causes de dissensions, et avec elles celles des duels, et des guerres, qui sont les duels de peuple à peuple.

- François-Xavier (Esprit).
Bordeaux, 1861.


Extrait du Chapitre - Aimer vos ennemis - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec. 

sexta-feira, 18 de outubro de 2013

LA HAINE

10. Aimez-vous les uns les autres, et vous serez heureux. Prenez surtout à tâche d'aimer ceux qui vous inspirent de l'indifférence, de la haine et du mépris. Le Christ, dont vous devez faire votre modèle, vous a donné l'exemple de ce dévouement ; missionnaire d'amour, il a aimé jusqu'à donner son sang et sa vie. Le sacrifice qui vous oblige à aimer ceux qui vous outragent et vous persécutent est pénible ; mais c'est précisément ce qui vous rend supérieurs à eux ; si vous les haïssez comme ils vous haïssent, vous ne valez pas mieux qu'eux ; c'est l'hostie sans tache offerte à Dieu sur l'autel de vos coeurs, hostie d'agréable odeur, dont les parfums montent jusqu'à lui. Quoique la loi d'amour veuille que l'on aime indistinctement tous ses frères, elle ne cuirasse pas le coeur contre les mauvais procédés ; c'est au contraire l'épreuve la plus pénible, je le sais, puisque pendant ma dernière existence terrestre j'ai éprouvé cette torture ; mais Dieu est là, et il punit dans cette vie et dans l'autre ceux qui faillissent à la loi d'amour. N'oubliez pas, mes chers enfants, que l'amour rapproche de Dieu, et que la haine en éloigne. 

- Fénelon (Esprit).
Bordeaux, 1861.


Extrait du Chapitre XII - Aimer vos ennemis - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

quinta-feira, 17 de outubro de 2013

LA VENGEANCE

9. La vengeance est une dernière épave abandonnée par les moeurs barbares qui tendent à s'effacer du milieu des hommes. Elle est, avec le duel, un des derniers vestiges de ces moeurs sauvages sous lesquelles se débattait l'humanité dans le commencement de l'ère chrétienne. C'est pourquoi la vengeance est un indice certain de l'état arriéré des hommes qui s'y livrent et des Esprits qui peuvent encore l'inspirer. Donc, mes amis, ce sentiment ne doit jamais faire vibrer le coeur de quiconque se dit et s'affirme spirite. Se venger, est, vous le savez, tellement contraire à cette prescription du Christ : «Pardonnez à vos ennemis !» que celui qui se refuse à pardonner, non seulement n'est pas spirite, mais il n'est pas même chrétien. La vengeance est une inspiration d'autant plus funeste que la fausseté et la bassesse sont ses compagnes assidues ; en effet, celui qui s'abandonne à cette fatale et aveugle passion ne se venge presque jamais à ciel ouvert. Quand il est le plus fort, il fond comme une bête fauve sur celui qu'il appelle son ennemi, lorsque la vue de celui-ci vient enflammer sa passion, sa colère et sa haine. Mais le plus souvent il revêt une apparence hypocrite, en dissimulant au plus profond de son coeur les mauvais sentiments qui l'animent ; il prend des chemins détournés, il suit dans l'ombre son ennemi sans défiance et attend le moment propice pour le frapper sans danger ; il se cache de lui tout en l'épiant sans cesse ; il lui tend des pièges odieux et sème à l'occasion le poison dans sa coupe. Quand sa haine ne va pas jusqu'à ces extrémités, il l'attaque alors dans son honneur et dans ses affections ; il ne recule pas devant la calomnie, et ses insinuations perfides, habilement semées à tous les vents, vont grossissant en chemin. Aussi, lorsque celui qu'il poursuit se présente dans les milieux où son souffle empoisonné a passé, il est étonné de trouver des visages froids où il rencontrait autrefois des visages amis et bienveillants ; il est stupéfait quand des mains qui recherchaient la sienne se refusent à la serrer maintenant ; enfin il est anéanti quand ses amis les plus chers et ses proches se détournent et s'enfuient de lui. Ah ! le lâche qui se venge ainsi est cent fois plus coupable que celui qui va droit à son ennemi et l'insulte à visage découvert.

Arrière donc ces coutumes sauvages ! Arrière ces moeurs d'un autre temps ! Tout spirite qui prétendrait aujourd'hui avoir encore le droit de se venger serait indigne de figurer plus longtemps dans la phalange qui a pris pour devise : Hors la charité, pas de salut !Mais non, je ne saurais m'arrêter à une telle idée qu'un membre de la grande famille spirite puisse jamais à l'avenir céder à l'impulsion de la vengeance autrement que pour pardonner. 

- Jules Olivier (Esprit).
Paris, 1862.


Extrait du Chapitre XII - Aimer vos ennemis - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

quarta-feira, 16 de outubro de 2013

SI QUELQU'UN VOUS A FRAPPÉ SUR LA JOUE DROITE, PRÉSENTEZ-LUI ENCORE L'AUTRE

7. Vous avez appris qu'il a été dit : oeil pour oeil, et dent pour dent. - Et moi je vous dis de ne point résister au mal que l'on veut vous faire ; mais si quelqu'un vous a frappé sur la joue droite, présentez-lui encore l'autre ; - et si quelqu'un veut plaider contre vous pour prendre votre robe, abandonnez-lui encore votre manteau ; - et si quelqu'un veut vous contraindre de faire mille pas avec lui, faitesen encore deux mille. - Donnez à celui qui vous demande, et ne rejetez point celui qui veut emprunter de vous. (Saint Matthieu, ch. V, v. de 38 à 42.)

8. Les préjugés du monde, sur ce que l'on est convenu d'appeler le point d'honneur, donnent cette susceptibilité ombrageuse, née de l'orgueil et de l'exaltation de la personnalité, qui porte l'homme à rendre injure pour injure, blessure pour blessure, ce qui semble la justice pour celui dont le sens moral ne s'élève pas au-dessus des passions terrestres ; c'est pourquoi la loi mosaïque disait : oeil pour oeil, dent pour dent, loi en harmonie avec le temps où vivait Moïse. Christ est venu qui a dit : Rendez le bien pour le mal. Il dit de plus : «Ne résistez point au mal qu'on veut vous faire ; si l'on vous frappe sur une joue, tendez l'autre.» A l'orgueilleux, cette maxime semble une lâcheté, car il ne comprend pas qu'il y ait plus de courage à supporter une insulte qu'à se venger, et cela toujours par cette cause qui fait que sa vue ne se porte pas au-delà du présent. Faut-il, cependant, prendre cette maxime à la lettre ? Non, pas plus que celle qui dit d'arracher son oeil, s'il est une occasion de scandale ; poussée dans toutes ses conséquences, ce serait condamner toute répression, même légale, et laisser le champ libre aux méchants en leur ôtant toute crainte ; si l'on n'opposait un frein à leurs agressions, bientôt tous les bons seraient leurs victimes. L'instinct même de conservation, qui est une loi de nature, dit qu'il ne faut pas tendre bénévolement le cou à l'assassin. Par ces paroles Jésus n'a donc point interdit la défense, mais condamné la vengeance. En disant de tendre une joue quand l'autre est frappée, c'est dire, sous une autre forme, qu'il ne faut pas rendre le mal pour le mal ; que l'homme doit accepter avec humilité tout ce qui tend à rabaisser son orgueil ; qu'il est plus glorieux pour lui d'être frappé que de frapper, de supporter patiemment une injustice que d'en commettre une lui-même ; qu'il vaut mieux être trompé que trompeur, être ruiné que de ruiner les autres. C'est en même temps la condamnation du duel, qui n'est autre qu'une manifestation de l'orgueil. La foi en la vie future et en la justice de Dieu, qui ne laisse jamais le mal impuni, peut seule donner la force de supporter patiemment les atteintes portées à nos intérêts et à notre amour-propre ; c'est pourquoi nous disons sans cesse : Portez vos regards en avant ; plus vous vous élèverez par la pensée au-dessus de la vie matérielle, moins vous serez froissés par les choses de la terre.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XII - Aimer vos ennemis - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

terça-feira, 15 de outubro de 2013

LES ENNEMIS DÉSINCARNÉS

5. Le spirite a encore d'autres motifs d'indulgence envers ses ennemis. Il sait d'abord que la méchanceté n'est point l'état permanent des hommes ; qu'elle tient à une imperfection momentanée, et que, de même que l'enfant se corrige de ses défauts, l'homme méchant reconnaîtra un jour ses torts, et deviendra bon.

Il sait encore que la mort ne le délivre que de la présence matérielle de son ennemi, mais que celui-ci peut le poursuivre de sa haine, même après avoir quitté la terre ; qu'ainsi la vengeance manque son but ; qu'elle a au contraire pour effet de produire une irritation plus grande qui peut se continuer d'une existence à l'autre. Il appartenait au spiritisme de prouver, par l'expérience et la loi qui régit les rapports du monde visible et du monde invisible, que l'expression : Eteindre la haine dans le sang, est radicalement fausse, et que ce qui est vrai, c'est que le sang entretient la haine même au-delà de la tombe ; de donner, par conséquent, une raison d'être effective et une utilité pratique au pardon, et à la sublime maxime du Christ : Aimez vos ennemis. Il n'est pas de coeur si pervers qui ne soit touché des bons procédés, même à son insu ; par les bons procédés, on ôte du moins tout prétexte de représailles ; d'un ennemi, on peut se faire un ami avant et après sa mort. Par les mauvais procédés on l'irrite, et c'est alors qu'il sert lui-même d'instrument à la justice de Dieu pour punir celui qui n'a pas pardonné.

6. On peut donc avoir des ennemis parmi les incarnés et parmi les désincarnés ; les ennemis du monde invisible manifestent leur malveillance par les obsessions et les subjugations auxquelles tant de gens sont en butte, et qui sont une variété dans les épreuves de la vie ; ces épreuves, comme les autres, aident à l'avancement et doivent être acceptées avec résignation, et comme conséquence de la nature inférieure du globe terrestre ; s'il n'y avait pas des hommes mauvais sur la terre, il n'y aurait pas d'Esprits mauvais autour de la terre. Si donc on doit avoir de l'indulgence et de la bienveillance pour des ennemis incarnés, on doit en avoir également pour ceux qui sont désincarnés. 

Jadis on sacrifiait des victimes sanglantes pour apaiser les dieux infernaux, qui n'étaient autres que les Esprits méchants. Aux dieux infernaux ont succédé les démons, qui sont la même chose. Le spiritisme vient prouver que ces démons ne sont autres que les âmes des hommes pervers qui n'ont point encore dépouillé les instincts matériels ; qu'on ne les apaise que par le sacrifice de sa haine, c'est-à-dire par la charité ; que la charité n'a pas seulement pour effet de les empêcher de faire le mal, mais de les ramener dans la voie du bien, et de contribuer à leur salut. C'est ainsi que la maxime : Aimez vos ennemis, n'est point circonscrite au cercle étroit de la terre et de la vie présente, mais qu'elle rendre dans la grande loi de la solidarité et de la fraternité universelles.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XII - Aimer vos ennemis - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

segunda-feira, 14 de outubro de 2013

RENDRE LE BIEN POUR LE MAL

1. Vous avez appris qu'il a été dit : Vous aimerez votre prochain et vous haïrez vos ennemis. Et moi je vous dis : Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient ; afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants, et fait pleuvoir sur les justes et les injustes ; - car si vous n'aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous ? Les publicains ne le font-ils pas aussi ? - Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous en cela de plus que les autres ? Les païens ne le font-ils pas aussi ? - Je vous dis que si votre justice n'est pas plus abondante que celle des Scribes et des Pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux. (Saint Matthieu, ch. V, v. 20 et de 43 à 47.)

2. Si vous n'aimez que ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on, puisque les gens de mauvaise vie aiment aussi ceux qui les aiment ? - Et si vous ne faites du bien qu'à ceux qui vous en font, quel gré vous en saura-t-on, puisque les gens de mauvaise vie font la même chose ? - Et si vous ne prêtez qu'à ceux de qui vous espérez recevoir la même grâce, quel gré vous en saura-t-on, puisque les gens de mauvaise vie s'entre prêtent de la sorte, pour recevoir le même avantage ? -Mais pour vous, aimez vos ennemis, faites du bien à tous, et prêtez sans en rien espérer, et alors votre récompense sera très grande, et vous serez les enfants du Très-Haut, parce qu'il est bon aux ingrats, et même aux méchants. - Soyez donc pleins de miséricorde, comme votre Dieu est plein de miséricorde. (Saint Luc, ch. VI, v. de 32 à 36.)

3. Si l'amour du prochain est le principe de la charité, aimer ses ennemis en est l'application sublime, car cette vertu est une des plus grandes victoires remportées sur l'égoïsme et l'orgueil. Cependant on se méprend généralement sur le sens du mot aimer en cette circonstance ; Jésus n'a point entendu, par ces paroles, que l'on doit avoir pour son ennemi la tendresse qu'on a pour un frère ou un ami ; la tendresse suppose la confiance ; or, on ne peut avoir confiance en celui qu'on sait nous vouloir du mal ; on ne peut avoir avec lui les épanchements de l'amitié, parce qu'on le sait capable d'en abuser ; entre gens qui se méfient les uns des autres, il ne saurait y avoir les élans de sympathie qui existent entre ceux qui sont en communion de pensées ; on ne peut enfin avoir le même plaisir à se trouver avec un ennemi qu'avec un ami.

Ce sentiment même résulte d'une loi physique : celle de l'assimilation et de la répulsion des fluides ; la pensée malveillante dirige un courant fluidique dont l'impression est pénible ; la pensée bienveillante vous enveloppe d'un effluve agréable ; de là la différence des sensations que l'on éprouve à l'approche d'un ami ou d'un ennemi. Aimer ses ennemis ne peut donc signifier qu'on ne doit faire aucune différence entre eux et les amis ; ce précepte ne semble difficile, impossible même à pratiquer, que parce qu'on croit faussement qu'il prescrit de leur donner la même place dans le coeur. Si la pauvreté des langues humaines oblige à se servir du même mot pour exprimer diverses nuances de sentiments, la raison doit en faire la différence selon les cas.

Aimer ses ennemis, ce n'est donc point avoir pour eux une affection qui n'est pas dans la nature, car le contact d'un ennemi fait battre le coeur d'une tout autre manière que celui d'un ami ; c'est n'avoir contre eux ni haine, ni rancune, ni désir de vengeance ; c'est leur pardonner sans arrière-pensée et sans condition le mal qu'ils nous font ; c'est n'apporter aucun obstacle à la réconciliation ; c'est leur souhaiter du bien au lieu de leur souhaiter du mal ; c'est se réjouir au lieu de s'affliger du bien qui leur arrive ; c'est leur tendre une main secourable en cas de besoin ; c'est s'abstenir en paroles et en actions de tout ce qui peut leur nuire ; c'est enfin leur rendre en tout le bien pour le mal, sans intention de les humilier. Quiconque fait cela remplit les conditions du commandement : Aimez vos ennemis.

4. Aimer ses ennemis, est un non-sens pour l'incrédule ; celui pour qui la vie présente est tout ne voit dans son ennemi qu'un être nuisible troublant son repos, et dont il croit que la mort seule peut le débarrasser ; de là le désir de la vengeance ; il n'a aucun intérêt à pardonner, si ce n'est pour satisfaire son orgueil aux yeux du monde ; pardonner même, dans certains cas, lui semble une faiblesse indigne de lui ; s'il ne se venge pas, il n'en conserve pas moins de la rancune et un secret désir du mal. 

Pour le croyant, mais pour le spirite surtout, la manière de voir est tout autre, parce qu'il porte ses regards sur le passé et sur l'avenir, entre lesquels la vie présente n'est qu'un point ; il sait que, par la destination même de la terre, il doit s'attendre à y trouver des hommes méchants et pervers ; que les méchancetés auxquelles il est en butte font partie des épreuves qu'il doit subir, et le point de vue élevé où il se place lui rend les vicissitudes moins amères, qu'elles viennent des hommes ou des choses ; s'il ne murmure pas contre les épreuves, il ne doit pas murmurer contre ceux qui en sont les instruments ; si, au lieu de se plaindre, il remercie Dieu de l'éprouver, il doit remercier la main qui lui fournit l'occasion de montrer sa patience et sa résignation. Cette pensée le dispose naturellement au pardon ; il sent en outre que plus il est généreux, plus il grandit à ses propres yeux et se trouve hors de l'atteinte des traits malveillants de son ennemi.

L'homme qui occupe un rang élevé dans le monde ne se croit pas offensé par les insultes de celui qu'il regarde comme son inférieur ; ainsi en est-il de celui qui s'élève dans le monde moral au-dessus de l'humanité matérielle ; il comprend que la haine et la rancune l'aviliraient et l'abaisseraient ; or, pour être supérieur à son adversaire, il faut qu'il ait l'âme plus grande, plus noble, plus généreuse. 

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XII - Aimer vos ennemis - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

domingo, 13 de outubro de 2013

TU PEUX LE SAUVER, SAUVE-LE!

15. Un homme est en danger de mort ; pour le sauver, il faut exposer sa vie ; mais on sait que cet homme est un malfaiteur, et que, s'il en réchappe, il pourra commettre de nouveaux crimes. Doit-on, malgré cela, s'exposer pour le sauver ? 

Ceci est une question fort grave et qui peut se présenter naturellement à l'esprit. Je répondrai selon mon avancement moral, puisque nous en sommes sur ce point de savoir si l'on doit exposer sa vie même pour un malfaiteur. Le dévouement est aveugle : on secourt un ennemi, on doit donc secourir l'ennemi de la société, un malfaiteur en un mot. Croyezvous que ce soit seulement à la mort que l'on court arracher ce malheureux ? c'est peut-être à sa vie passée tout entière. Car, songez-y, dans ces rapides instants qui lui ravissent les dernières minutes de la vie, l'homme perdu revient sur sa vie passée, ou plutôt elle se dresse devant lui. La mort, peut-être, arrive trop tôt pour lui ; la réincarnation pourra être terrible ; élancez-vous donc, hommes ! vous que la science spirite a éclairés ; élancez-vous, arrachez-le à sa damnation, et alors, peut-être, cet homme qui serait mort en vous blasphémant se jettera dans vos bras. Toutefois, il ne faut pas vous demander s'il le fera ou s'il ne le fera point, mais aller à son secours, car, en le sauvant, vous obéissez à cette voix du coeur qui vous dit : «Tu peux le sauver, sauve-le !» 

- Lamennais (Esprit).
Paris, 1862.


Extrait du Chapitre XI - Aimer son prochain comme soi-même - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

sábado, 12 de outubro de 2013

CHARITÉ ENVERS LES CRIMINELS

14. La vraie charité est un des plus sublimes enseignements que Dieu ait donnés au monde. Il doit exister entre les véritables disciples de sa doctrine une fraternité complète. Vous devez aimer les malheureux, les criminels, comme des créatures de Dieu, auxquelles le pardon et la miséricorde seront accordés s'ils se repentent, comme à vous-mêmes, pour les fautes que vous commettez contre sa loi. Songez que vous êtes plus répréhensibles, plus coupables que ceux auxquels vous refusez le pardon et la commisération, car souvent ils ne connaissent pas Dieu comme vous le connaissez, et il leur sera moins demandé qu'à vous. 

Ne jugez point, oh ! ne jugez point, mes chers amis, car le jugement que vous portez vous sera appliqué plus sévèrement encore, et vous avez besoin d'indulgence pour les péchés que vous commettez sans cesse. Ne savez-vous pas qu'il y a bien des actions qui sont des crimes aux yeux du Dieu de pureté, et que le monde ne considère pas même comme des fautes légères ?

La vraie charité ne consiste pas seulement dans l'aumône que vous donnez, ni même dans les paroles de consolation dont vous pouvez l'accompagner ; non, ce n'est pas seulement ce que Dieu exige de vous. La charité sublime enseignée par Jésus consiste aussi dans la bienveillance accordée toujours et en toutes choses à votre prochain. Vous pouvez encore exercer cette sublime vertu sur bien des êtres qui n'ont que faire d'aumônes, et que des paroles d'amour, de consolation, d'encouragement amèneront au Seigneur.

Les temps sont proches, je le dis encore, où la grande fraternité régnera sur ce globe ; la loi du Christ est celle qui régira les hommes : celle-là seule sera le frein et l'espérance, et conduira les âmes aux séjours bienheureux. Aimez-vous donc comme les enfants d'un même père ; ne faites point de différence entre les autres malheureux, car c'est Dieu qui veut que tous soient égaux ; ne méprisez donc personne ; Dieu permet que de grands criminels soient parmi vous, afin qu'ils vous servent d'enseignement. Bientôt, quand les hommes seront amenés aux vraies lois de Dieu, il n'y aura plus besoin de ces enseignements-là, et tous les Esprits impurs et révoltés seront dispersés dans des mondes inférieurs en harmonie avec leurs penchants.

Vous devez à ceux dont je parle le secours de vos prières : c'est la vraie charité. Il ne faut point dire d'un criminel : «C'est un misérable ; il faut en purger la terre ; la mort qu'on lui inflige est trop douce pour un être de cette espèce.» Non, ce n'est point ainsi que vous devez parler. Regardez votre modèle, Jésus ; que dirait-il, s'il voyait ce malheureux près de lui ? Il le plaindrait ; il le considérerait comme un malade bien misérable ; il lui tendrait la main. Vous ne pouvez le faire en réalité, mais au moins vous pouvez prier pour lui, assister son Esprit pendant les quelques instants qu'il doit encore passer sur votre terre. Le repentir peut toucher son coeur, si vous priez avec la foi. Il est votre prochain comme le meilleur d'entre les hommes ; son âme égarée et révoltée est créée, comme la vôtre, pour se perfectionner ; aidez-le donc à sortir du bourbier et priez pour lui. 

- Élisabeth de France (Esprit).
Le Havre, 1862.


Extrait du Chapitre XI - Aimer son prochain comme soi-même - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

sexta-feira, 11 de outubro de 2013

LA FOI ET LA CHARITÉ

Je vous ai dit dernièrement, mes chers enfants, que la charité sans la foi ne suffisait point pour maintenir parmi les hommes un ordre social capable de les rendre heureux. J'aurais dû dire que la charité est impossible sans la foi. Vous pourrez bien trouver, à la vérité, des élans généreux même chez la personne privée de religion, mais cette charité austère qui ne s'exerce que par l'abnégation, par le sacrifice constant de tout intérêt égoïste, il n'y a que la foi qui puisse l'inspirer, car il n'y a qu'elle qui nous fasse porter avec courage et persévérance la croix de cette vie.

Oui, mes enfants, c'est en vain que l'homme avide de jouissances voudrait se faire illusion sur sa destinée ici-bas, en soutenant qu'il lui est permis de ne s'occuper que de son bonheur. Certes, Dieu nous créa pour être heureux dans l'éternité ; cependant la vie terrestre doit uniquement servir à notre perfectionnement moral, lequel s'acquiert plus facilement avec l'aide des organes et du monde matériel. Sans compter les vicissitudes ordinaires de la vie, la diversité de vos goûts, de vos penchants, de vos besoins, est aussi un moyen de vous perfectionner en vous exerçant dans la charité. Car, ce n'est qu'à force de concessions et de sacrifices mutuels que vous pouvez maintenir l'harmonie entre des éléments aussi divers.

Vous aurez cependant raison en affirmant que le bonheur est destiné à l'homme ici-bas, si vous le cherchez, non dans les jouissances matérielles, mais dans le bien. L'histoire de la chrétienté parle de martyrs qui allaient au supplice avec joie ; aujourd'hui, et dans votre société, il ne faut pour être chrétien, ni l'holocauste du martyre, ni le sacrifice de la vie, mais uniquement et simplement le sacrifice de votre égoïsme, de votre orgueil et de votre vanité. Vous triompherez, si la charité vous inspire et si la foi vous soutient. 

- Esprit protecteur.
Cracovie, 1861.


Extrait du Chapitre XI - Aimer son prochain comme soi-même - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

quinta-feira, 10 de outubro de 2013

L'ÉGOÏSME EST LA NÉGATION DE LA CHARITÉ

Si les hommes s'aimaient d'un commun amour, la charité serait mieux pratiquée ; mais il faudrait pour cela que vous vous efforçassiez de vous débarrasser de cette cuirasse qui couvre vos coeurs, afin d'être plus sensibles envers ceux qui souffrent. La rigidité tue les bons sentiments ; le Christ ne se rebutait pas ; celui qui s'adressait à lui, quel qu'il fût, n'était pas repoussé : la femme adultère, le criminel étaient secourus par lui ; il ne craignait jamais que sa propre considération eût à en souffrir. Quand donc le prendrez-vous pour modèle de toutes vos actions ? Si la charité régnait sur la terre, le méchant n'aurait plus d'empire ; il fuirait honteux ; il se cacherait, car il se trouverait déplacé partout. C'est alors que le mal disparaîtrait ; soyez bien pénétrés de ceci.

Commencez par donner l'exemple vous-mêmes ; soyez charitables envers tous indistinctement ; efforcez-vous de ne plus remarquer ceux qui vous regardent avec dédain, et laissez à Dieu le soin de toute justice, car chaque jour, dans son royaume, il sépare le bon grain de l'ivraie.

L'égoïsme est la négation de la charité ; or, sans la charité point de repos dans la société ; je dis plus, point de sécurité ; avec l'égoïsme et l'orgueil, qui se donnent la main, ce sera toujours une course au plus adroit, une lutte d'intérêts où sont foulées aux pieds les plus saintes affections, où les liens sacrés de la famille ne sont pas même respectés.

- Pascal (Esprit).
Sens, 1862.


Extrait du Chapitre XI - Aimer son prochain comme soi-même - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

quarta-feira, 9 de outubro de 2013

L'ÉGOÏSME

L'égoïsme, cette plaie de l'humanité, doit disparaître de la terre, dont il arrête le progrès moral ; c'est au spiritisme qu'est réservée la tâche de la faire monter dans la hiérarchie des mondes. L'égoïsme est donc le but vers lequel tous les vrais croyants doivent diriger leurs armes, leurs forces, leur courage ; je dis leur courage, car il en faut plus pour se vaincre soi-même que pour vaincre les autres. Que chacun mette donc tous ses soins à le combattre en soi, car ce monstre dévorant de toutes les intelligences, cet enfant de l'orgueil est la source de toutes les misères d'ici-bas. Il est la négation de la charité, et par conséquent le plus grand obstacle au bonheur des hommes.

Jésus vous a donné l'exemple de la charité, et Ponce-Pilate de l'égoïsme ; car lorsque le Juste va parcourir les saintes stations de son martyre, Pilate se lave les mains en disant : Que m'importe ! Il dit aux Juifs : Cet homme est juste, pourquoi voulez-vous le crucifier ? et cependant il le laisse conduire au supplice.

C'est à cet antagonisme de la charité et de l'égoïsme, c'est à l'envahissement de cette lèpre du coeur humain que le christianisme doit de n'avoir pas encore accompli toute sa mission. C'est à vous, apôtres nouveaux de la foi et que les Esprits supérieurs éclairent, qu'incombent la tâche et le devoir d'extirper ce mal pour donner au christianisme toute sa force et déblayer la route des ronces qui entravent sa marche. Chassez l'égoïsme de la terre pour qu'elle puisse graviter dans l'échelle des mondes, car il est temps que l'humanité revête sa robe virile, et pour cela il faut d'abord le chasser de votre coeur.

- Emmanuel (Esprit).
Paris, 1861.


Extrait du Chapitre XI - Aimer son prochain comme soi-même - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

terça-feira, 8 de outubro de 2013

AIMEZ BIEN POUR ÊTRE AIMÉS

Mes chers condisciples, les Esprits ici présents vous disent par ma voix : Aimez bien, afin d'être aimés. Cette pensée est si juste, que vous trouverez en elle tout ce qui console et calme les peines de chaque jour ; ou plutôt, en pratiquant cette sage maxime, vous vous élèverez tellement au-dessus de la matière, que vous vous spiritualiserez avant votre dépouillement terrestre. Les études spirites ayant développé chez vous la compréhension de l'avenir, vous avez une certitude : l'avancement vers Dieu, avec toutes les promesses qui répondent aux aspirations de votre âme ; aussi devez-vous vous élever assez haut pour juger sans les étreintes de la matière, et ne pas condamner votre prochain avant d'avoir reporté votre pensée vers Dieu.

Aimer, dans le sens profond du mot, c'est être loyal, probe, consciencieux, pour faire aux autres ce que l'on voudrait pour soimême ; c'est chercher autour de soi le sens intime de toutes les douleurs qui accablent vos frères pour y apporter un adoucissement ; c'est regarder la grande famille humaine comme la sienne, car cette famille, vous la retrouverez dans une certaine période, en des mondes plus avancés, et les Esprits qui la composent sont, comme vous, enfants de Dieu, marqués au front pour s'élever vers l'infini. C'est pour cela que vous ne pouvez refuser à vos frères ce que Dieu vous a libéralement donné, parce que, de votre côté, vous seriez bien aises que vos frères vous donnassent ce dont vous auriez besoin. A toutes les souffrances donnez donc une parole d'espérance et d'appui, afin que vous soyez tout amour, toute justice.

Croyez que cette sage parole : «Aimez bien pour être aimés,» fera son chemin ; elle est révolutionnaire, et suit la route qui est fixe, invariable. Mais vous avez déjà gagné, vous qui m'écoutez ; vous êtes infiniment meilleurs qu'il y a cent ans ; vous avez tellement changé à votre avantage que vous acceptez sans conteste une foule d'idées nouvelles sur la liberté et la fraternité que vous eussiez rejetées jadis ; or, dans cent ans d'ici, vous accepterez avec la même facilité celles qui n'ont pu encore entrer dans votre cerveau.

Aujourd'hui que le mouvement spirite a fait un grand pas, voyez avec quelle rapidité les idées de justice et de rénovation renfermées dans les dictées des Esprits sont acceptées par la moyenne partie du monde intelligent ; c'est que ces idées répondent à tout ce qu'il y a de divin en vous ; c'est que vous êtes préparés par une semence féconde : celle du siècle dernier, qui a implanté dans la société les grandes idées de progrès ; et comme tout s'enchaîne sous le doigt du Très-Haut, toutes les leçons reçues et acceptées seront renfermées dans cet échange universel de l'amour du prochain ; par lui, les Esprits incarnés jugeant mieux, sentant mieux, se tendront la main des confins de votre planète ; on se réunira pour s'entendre et s'aimer, pour détruire toutes les injustices, toutes les causes de mésintelligence entre les peuples.

Grande pensée de rénovation par le spiritisme, si bien décrite dans le Livre des Esprits, tu produiras le grand miracle du siècle à venir, celui de la réunion de tous les intérêts matériels et spirituels des hommes, par l'application de cette maxime bien comprise : Aimez bien, afin d'être aimé. 

- Sanson, ancien membre de la Société spirite de Paris (Esprit).
1863.


Extrait du Chapitre XI - Aimer son prochain comme soi-même - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

segunda-feira, 7 de outubro de 2013

L'AMOUR EST D'ESSENCE DIVINE

L'amour est d'essence divine, et depuis le premier jusqu'au dernier, vous possédez au fond du coeur l'étincelle de ce feu sacré. C'est un fait que vous avez pu constater bien des fois : l'homme le plus abject, le plus vil, le plus criminel, a pour un être ou pour un objet quelconque une affection vive et ardente, à l'épreuve de tout ce qui tendrait à la diminuer, et atteignant souvent des proportions sublimes.

J'ai dit pour un être ou un objet quelconque, parce qu'il existe parmi vous des individus qui dépensent des trésors d'amour dont leur coeur surabonde, sur des animaux, sur des plantes, et même sur des objets matériels : espèces de misanthropes se plaignant de l'humanité en général, se raidissant contre la pente naturelle de leur âme qui cherche autour d'elle l'affection et la sympathie ; ils rabaissent la loi d'amour à l'état d'instinct. Mais, quoi qu'ils fassent, ils ne sauraient étouffer le germe vivace que Dieu a déposé dans leur coeur à leur création ; ce germe se développe et grandit avec la moralité et l'intelligence, et, quoique souvent comprimé par l'égoïsme, il est la source des saintes et douces vertus qui font les affections sincères et durables, et vous aident à franchir la route escarpée et aride de l'existence humaine.

Il est quelques personnes à qui l'épreuve de la réincarnation répugne, en ce sens que d'autres participent aux sympathies affectueuses dont ils sont jaloux. Pauvres frères ! c'est votre affection qui vous rend égoïstes ; votre amour est restreint à un cercle intime de parents ou d'amis, et tous les autres vous sont indifférents. Eh bien ! pour pratiquer la loi d'amour telle que Dieu l'entend, il faut que vous arriviez par degrés à aimer tous vos frères indistinctement. La tâche sera longue et difficile, mais elle s'accomplira : Dieu le veut, et la loi d'amour est le premier et le plus important précepte de votre nouvelle doctrine, parce que c'est celle-là qui doit un jour tuer l'égoïsme sous quelque forme qu'il se présente ; car, outre l'égoïsme personnel, il y a encore l'égoïsme de famille, de caste, de nationalité. Jésus a dit : «Aimez votre prochain comme vous-mêmes ;» or, quelle est la limite du prochain ? est-ce la famille, la secte, la nation ? Non, c'est l'humanité tout entière. Dans les mondes supérieurs, c'est l'amour mutuel qui harmonise et dirige les Esprits avancés qui les habitent, et votre planète destinée à un progrès prochain, par sa transformation sociale, verra pratiquer par ses habitants cette sublime loi, reflet de la Divinité.

Les effets de la loi d'amour sont l'amélioration morale de la race humaine et le bonheur pendant la vie terrestre. Les plus rebelles et les plus vicieux devront se réformer quand ils verront les bienfaits produits par cette pratique : Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qui vous fût fait, mais faites-leur au contraire tout le bien qu'il est en votre pouvoir de leur faire.

Ne croyez pas à la stérilité et à l'endurcissement du coeur humain ; il cède malgré lui à l'amour vrai ; c'est un aimant auquel il ne peut résister, et le contact de et amour vivifie et féconde les germes de cette vertu qui est dans vos coeurs à l'état latent. La terre, séjour d'épreuve et d'exil, sera alors purifiée par ce feu sacré, et verra pratiquer la charité, l'humilité, la patience, le dévouement, l'abnégation, la résignation, le sacrifice, toutes vertus filles de l'amour. Ne vous lassez donc pas d'entendre les paroles de Jean l'Evangéliste ; vous le savez, quand l'infirmité et la vieillesse suspendirent le cours de ses prédications, il ne répétait que ces douces paroles : «Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres.»

Chers frères aimés, mettez à profit ces leçons ; la pratique en est difficile, mais l'âme en retire un bien immense. Croyez-moi, faites le sublime effort que je vous demande : «Aimez-vous,» vous verrez bientôt la terre transformée et devenir l'Elysée où les âmes des justes viendront goûter le repos. 

- Fénelon (Esprit).
Bordeaux, 1861.


Extrait du Chapitre XI - Aimer son prochain comme soi-même - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

domingo, 6 de outubro de 2013

LA LOI D'AMOUR

L'amour résume la doctrine de Jésus tout entière, car c'est le sentiment par excellence, et les sentiments sont les instincts élevés à la hauteur du progrès accompli. A son point de départ, l'homme n'a que des instincts ; plus avancé et corrompu, il n'a que des sensations ; mais instruit et purifié, il a des sentiments ; et le point exquis du sentiment, c'est l'amour, non l'amour dans le sens vulgaire du mot, mais ce soleil intérieur qui condense et réunit dans son ardent foyer tontes les aspirations et toutes les révélations surhumaines. La loi d'amour remplace la personnalité par la fusion des êtres ; elle anéantit les misères sociales. Heureux celui qui, dépassant son humanité, aime d'un large amour ses frères en douleurs ! heureux celui qui aime, car il ne connaît ni la détresse de l'âme, ni celle du corps ; ses pieds sont légers, et il vit comme transporté hors de lui-même. Lorsque Jésus eut prononcé ce mot divin d'amour, ce mot fit tressaillir les peuples, et les martyrs, ivres d'espérance, descendirent dans le cirque.

Le spiritisme, à son tour, vient prononcer un second mot de l'alphabet divin ; soyez attentifs, car ce mot soulève la pierre des tombeaux vides, et la réincarnation, triomphant de la mort, révèle à l'homme ébloui son patrimoine intellectuel ; ce n'est plus aux supplices qu'elle le conduit, mais à la conquête de son être, élevé et transfiguré. Le sang a racheté l'Esprit, et l'Esprit doit aujourd'hui racheter l'homme de la matière.

J'ai dit qu'à son début l'homme n'a que des instincts ; celui donc en qui les instincts dominent est plus près du point de départ que du but. Pour avancer vers le but, il faut vaincre les instincts au profit des sentiments, c'est-à-dire perfectionner ceux-ci en étouffant les germes latents de la matière. Les instincts sont la germination et les embryons du sentiment ; ils portent avec eux le progrès, comme le gland recèle le chêne, et les êtres les moins avancés sont ceux qui, ne dépouillant que peu à peu leur chrysalide, demeurent asservis à leurs instincts. L'Esprit doit être cultivé comme un champ ; toute la richesse future dépend du labour présent, et plus que des biens terrestres, il vous apportera la glorieuse élévation ; c'est alors que, comprenant la loi d'amour qui unit tons les êtres, vous y chercherez les suaves jouissances de l'âme qui sont le prélude des joies célestes.

- Lazare (Esprit).
Paris, 1862.


Extrait du Chapitre XI - Aimer son prochain comme soi-même - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

sábado, 5 de outubro de 2013

LES IMPERFECTIONS DES AUTRES

Personne n'étant parfait, s'ensuit-il que personne n'a le droit de reprendre son voisin ?

Assurément non, puisque chacun de vous doit travailler au progrès de tous, et surtout de ceux dont la tutelle vous est confiée ; mais c'est une raison de le faire avec modération, dans un but utile, et, non, comme on le fait la plupart du temps, pour le plaisir de dénigrer. Dans ce dernier cas, le blâme est une méchanceté ; dans le premier, c'est un devoir que la charité commande d'accomplir avec tous les ménagements possibles ; et encore le blâme qu'on jette sur autrui, doit-on en même temps se l'adresser à soi-même et se demander si on ne le mérite pas. 

- Saint Louis (Esprit).
Paris, 1860.

Est-on répréhensible d'observer les imperfections des autres, lorsqu'il n'en peut résulter aucun profit pour eux, et alors qu'on ne les divulgue pas ?

Tout dépend de l'intention ; certainement il n'est pas défendu de voir le mal, quand le mal existe ; il y aurait même de l'inconvénient à ne voir partout que le bien : cette illusion nuirait au progrès. Le tort est de faire tourner cette observation au détriment du prochain, en le décriant sans nécessité dans l'opinion. On serait encore répréhensible de ne le faire que pour s'y complaire soi-même avec un sentiment de malveillance et de joie de trouver les autres en défaut. Il en est tout autrement lorsque, jetant un voile sur le mal pour le public, on se borne à l'observer pour en faire son profit personnel, c'est-à-dire pour s'étudier à éviter ce qu'on blâme dans les autres. Cette observation, d'ailleurs, n'est-elle pas utile au moraliste ? Comment peindrait-il les travers de l'humanité s'il n'étudiait pas les modèles ? 

- Saint Louis (Esprit).
Paris, 1860.

Est-il des cas où il soit utile de dévoiler le mal en autrui ?

Cette question est très délicate, et c'est ici qu'il faut faire appel à la charité bien comprise. Si les imperfections d'une personne ne nuisent qu'à elle-même, il n'y a jamais utilité à les faire connaître ; mais si elles peuvent porter préjudice à d'autres, il faut préférer l'intérêt du plus grand nombre à l'intérêt d'un seul. Suivant les circonstances, démasquer l'hypocrisie et le mensonge peut être un devoir ; car il vaut mieux qu'un homme tombe que si plusieurs deviennent ses dupes ou ses victimes. En pareil cas, il faut peser la somme des avantages et des inconvénients.

- Saint Louis (Esprit).
Paris, 1860.


Extrait du Chapitre X - Bienheureux ceux qui sont miséricordieux - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

sexta-feira, 4 de outubro de 2013

CHARITÉ POUR TOUS ET AMOUR DE DIEU PARDESSUS TOUTE CHOSE

Chers amis, soyez sévères pour vous-mêmes, indulgents pour les faiblesses des autres ; c'est encore une pratique de la sainte charité que bien peu de personnes observent. Tous vous avez de mauvais penchants à vaincre, des défauts à corriger, des habitudes à modifier ; tous vous avez un fardeau plus ou moins lourd à déposer pour gravir le sommet de la montagne du progrès. Pourquoi donc être si clairvoyants pour le prochain et si aveugles pour vous-mêmes ? Quand donc cesserez-vous d'apercevoir dans l'oeil de votre frère le fétu de paille qui le blesse, sans regarder dans le vôtre la poutre qui vous aveugle et vous fait marcher de chute en chute ? Croyez-en vos frères les Esprits : Tout homme assez orgueilleux pour se croire supérieur en vertu et en mérite à ses frères incarnés est insensé et coupable, et Dieu le châtiera au jour de sa justice. Le véritable caractère de la charité est la modestie et l'humilité qui consistent à ne voir que superficiellement les défauts d'autrui pour s'attacher à faire valoir ce qu'il y en a lui de bon et de vertueux ; car si le coeur humain est un abîme de corruption, il existe toujours dans quelques-uns de ses replis les plus cachés le germe de quelques bons sentiments, étincelle vivace de l'essence spirituelle.

Spiritisme, doctrine consolante et bénie, heureux ceux qui te connaissent et qui mettent à profit les salutaires enseignements des Esprits du Seigneur ! Pour eux, la voie est éclairée, et tout le long de la route ils peuvent lire ces mots qui leur indiquent le moyen d'arriver au but : charité pratique, charité de coeur, charité pour le prochain comme pour soi-même ; en un mot, charité pour tous et amour de Dieu pardessus toute chose, parce que l'amour de Dieu résume tous les devoirs, et qu'il est impossible d'aimer réellement Dieu sans pratiquer la charité dont il fait une loi à toutes ses créatures.

- Dufêtre, évêque de Nevers (Esprit).
Bordeaux.


Extrait du Chapitre X - Bienheureux ceux qui sont miséricordieux - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

quarta-feira, 2 de outubro de 2013

SUIVEZ CE DIVIN MODÈLE

Soyez indulgents pour les fautes d'autrui, quelles qu'elles soient ; ne jugez avec sévérité que vos propres actions, et le Seigneur usera d'indulgence envers vous, comme vous en aurez usé envers les autres. 

Soutenez les forts : encouragez-les à la persévérance ; fortifiez les faibles en leur montrant la bonté de Dieu qui compte le moindre repentir ; montrez à tous l'ange de la repentance étendant son aile blanche sur les fautes des humains, et les voilant ainsi aux yeux de celui qui ne peut voir ce qui est impur. Comprenez tous la miséricorde infinie de votre Père, et n'oubliez jamais de lui dire par votre pensée et surtout par vos actes : «Pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.» Comprenez bien la valeur de ces sublimes paroles ; la lettre n'en est pas seule admirable, mais aussi l'enseignement qu'elle renferme.

Que demandez-vous au Seigneur en lui demandant votre pardon ? Estce seulement l'oubli de vos offenses ? oubli qui vous laisse dans le néant, car si Dieu se contente d'oublier vos fautes, il ne punit pas, mais non plus il ne récompense pas. La récompense ne peut être le prix du bien que l'on n'a pas fait, et encore moins du mal que l'on a fait, ce mal fût-il oublié ? En lui demandant pardon de vos transgressions, vous lui demandez la faveur de ses grâces pour n'y plus retomber ; la force nécessaire pour entrer dans une voie nouvelle, voie de soumission et d'amour dans laquelle vous pourrez ajouter la réparation au repentir.

Quand vous pardonnez à vos frères, ne vous contentez pas d'étendre le voile de l'oubli sur leurs fautes ; ce voile est souvent bien transparent à vos yeux ; apportez-leur l'amour en même temps que le pardon ; faites pour eux ce que vous demanderez à votre Père céleste de faire pour vous. Remplacez la colère qui souille par l'amour qui purifie. Prêchez d'exemple cette charité active, infatigable, que Jésus vous a enseignée ; prêchez-la comme il le fit lui-même tout le temps qu'il vécut sur la terre visible aux yeux du corps, et comme il la prêche encore sans cesse depuis qu'il n'est plus visible qu'aux yeux de l'esprit. Suivez ce divin modèle ; marchez sur ses traces : elles vous conduiront au lieu de refuge où vous trouverez le repos après la lutte. Comme lui, chargez-vous tous de votre croix, et gravissez péniblement, mais courageusement votre calvaire : au sommet est la glorification. 

- Jean, év. de Bordeaux (Esprit).
1862.


Extrait du Chapitre X - Bienheureux ceux qui sont miséricordieux - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

terça-feira, 1 de outubro de 2013

L'INDULGENCE

Spirites, nous voulons vous parler aujourd'hui de l'indulgence, ce sentiment si doux, si fraternel que tout homme doit avoir pour ses frères, mais dont bien peu font usage.

L'indulgence ne voit point les défauts d'autrui, ou si elle les voit, elle se garde d'en parler, de les colporter ; elle les cache au contraire, afin qu'ils ne soient connus que d'elle seule, et si la malveillance les découvre, elle a toujours une excuse prête pour les pallier, c'est-à-dire une excuse plausible, sérieuse, et rien de celles qui ayant l'air d'atténuer la faute la font ressortir avec une perfide adresse.

L'indulgence ne s'occupe jamais des actes mauvais d'autrui, à moins que ce ne soit pour rendre un service, encore a-t-elle soin de les atténuer autant que possible. Elle ne fait point d'observation choquante, n'a point de reproches aux lèvres, mais seulement des conseils, le plus souvent voilés. Quand vous jetez la critique, quelle conséquence doit-on tirer de vos paroles ? c'est que vous, qui blâmez, n'auriez pas fait ce que vous reprochez, c'est que vous valez mieux que le coupable. O hommes ! quand donc jugerez-vous vos propres coeurs, vos propres pensées, vos propres actes, sans vous occuper de ce que font vos frères ? Quand n'ouvrirez-vous vos yeux sévères que sur vous-mêmes ?

Soyez donc sévères envers vous, indulgents envers les autres. Songez à celui qui juge en dernier ressort, qui voit les secrètes pensées de chaque coeur, et qui, par conséquent, excuse souvent les fautes que vous blâmez, ou condamne ce que vous excusez, parce qu'il connaît le mobile de tous les actes, et que vous, qui criez si haut : anathème ! auriez peutêtre commis des fautes plus graves.

Soyez indulgents, mes amis, car l'indulgence attire, calme, redresse, tandis que la rigueur décourage, éloigne et irrite.

- Joseph, Esprit protecteur.
Bordeaux, 1863.


Extrait du Chapitre X - Bienheureux ceux qui sont miséricordieux - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.