sexta-feira, 31 de janeiro de 2014

Action de la prière

9. La prière est une invocation ; par elle on se met en rapport de pensée avec l'être auquel on s'adresse. Elle peut avoir pour objet une demande, un remerciement ou une glorification. On peut prier pour soimême ou pour autrui, pour les vivants ou pour les morts. Les prières adressées à Dieu sont entendues des Esprits chargés de l'exécution de ses volontés ; celles qui sont adressées aux bons Esprits sont reportées à Dieu. Lorsqu'on prie d'autres êtres que Dieu, ce n'est qu'à titre d'intermédiaires, d'intercesseurs, car rien ne peut se faire sans la volonté de Dieu.

10. Le Spiritisme fait comprendre l'action de la prière en expliquant le mode de transmission de la pensée, soit que l'être prié vienne à notre appel, soit que notre pensée lui parvienne. Pour se rendre compte de ce qui se passe en cette circonstance, il faut se représenter tous les êtres incarnés et désincarnés plongés dans le fluide universel qui occupe l'espace, comme ici-bas nous le sommes dans l'atmosphère. Ce fluide reçoit une impulsion de la volonté ; c'est le véhicule de la pensée, comme l'air est le véhicule du son, avec cette différence que les vibrations de l'air sont circonscrites, tandis que celles du fluide universel s'étendent à l'infini. Lors donc que la pensée est dirigée vers un être quelconque, sur la terre ou dans l'espace, d'incarné à désincarné, ou de désincarné à incarné, un courant fluidique s'établit de l'un à l'autre, transmettant la pensée, comme l'air transmet le son.

L'énergie du courant est en raison de celle de la pensée et de la volonté. C'est ainsi que la prière est entendue des Esprits à quelque endroit qu'ils se trouvent, que les Esprits communiquent entre eux, qu'ils nous transmettent leurs inspirations, que des rapports s'établissent à distance entre les incarnés.

Cette explication est surtout en vue de ceux qui ne comprennent pas l'utilité de la prière purement mystique ; elle n'a point pour but de matérialiser la prière, mais d'en rendre l'effet intelligible, en montrant qu'elle peut avoir une action directe et effective ; elle n'en reste pas moins subordonnée à la volonté de Dieu, juge suprême en toutes choses, et qui seul peut rendre son action efficace.

11. Par la prière, l'homme appelle à lui le concours des bons Esprits qui viennent le soutenir dans ses bonnes résolutions, et lui inspirer de bonnes pensées ; il acquiert ainsi la force morale nécessaire pour vaincre les difficultés et rentrer dans le droit chemin s'il en est écarté ; et par là aussi il peut détourner de lui les maux qu'il s'attirerait par sa propre faute. Un homme, par exemple, voit sa santé ruinée par les excès qu'il a commis, et traîne, jusqu'à la fin de ses jours, une vie de souffrance ; a-t-il droit de se plaindre s'il n'obtient pas sa guérison ? Non, car il aurait pu trouver dans la prière la force de résister aux tentations.

12. Si l'on fait deux parts des maux de la vie, l'une de ceux que l'homme ne peut éviter, l'autre des tribulations dont il est lui-même la première cause par son incurie et ses excès, on verra que celle-ci l'emporte de beaucoup en nombre sur la première. Il est donc bien évident que l'homme est l'auteur de la plus grande partie de ses afflictions, et qu'il se les épargnerait s'il agissait toujours avec sagesse et prudence.

Il n'est pas moins certain que ces misères sont le résultat de nos infractions aux lois de Dieu, et que si nous observions ponctuellement ces lois, nous serions parfaitement heureux. Si nous ne dépassions pas la limite du nécessaire dans la satisfaction de nos besoins, nous n'aurions pas les maladies qui sont la suite des excès, et les vicissitudes qu'entraînent ces maladies ; si nous mettions des bornes à notre ambition, nous ne craindrions pas la ruine ; si nous ne voulions pas monter plus haut que nous ne le pouvons, nous ne craindrions pas de tomber ; si nous étions humbles, nous ne subirions pas les déceptions de l'orgueil abaissé ; si nous pratiquions la loi de charité, nous ne serions ni médisants, ni envieux, ni jaloux, et nous éviterions les querelles et les dissensions ; si nous ne faisions de mal à personne, nous ne craindrions pas les vengeances, etc.

Admettons que l'homme ne puisse rien sur les autres maux ; que toute prière soit superflue pour s'en préserver, ne serait-ce pas déjà beaucoup d'être affranchi de tous ceux qui proviennent de son fait ? Or, ici l'action de la prière se conçoit aisément, parce qu'elle a pour effet d'appeler l'inspiration salutaire des bons Esprits, de leur demander la force de résister aux mauvaises pensées dont l'exécution peut nous être funeste. Dans ce cas, ce n'est pas le mal qu'ils détournent, c'est nous-mêmes qu'ils détournent de la pensée qui peut causer le mal ; ils n'entravent en rien les décrets de Dieu, ils ne suspendent point le cours des lois de la nature, c'est nous qu'ils empêchent d'enfreindre ces lois, en dirigeant notre libre arbitre; mais ils le font à notre insu, d'une manière occulte, pour ne pas enchaîner notre volonté. L'homme se trouve alors dans la position de celui qui sollicite de bons conseils et les met en pratique, mais qui est toujours libre de les suivre ou non ; Dieu veut qu'il en soit ainsi pour qu'il ait la responsabilité de ses actes et lui laisser le mérite du choix entre le bien et le mal. C'est là ce que l'homme est toujours certain d'obtenir s'il le demande avec ferveur, et ce à quoi peuvent surtout s'appliquer ces paroles : «Demandez et vous obtiendrez.»

L'efficacité de la prière, même réduite à cette proportion, n'aurait-elle pas un résultat immense ? Il était réservé au Spiritisme de nous prouver son action par la révélation des rapports qui existent entre le monde corporel et le monde spirituel. Mais là ne se bornent pas seulement ses effets.

La prière est recommandée par tous les Esprits ; renoncer à la prière, c'est méconnaître la bonté de Dieu ; c'est renoncer pour soi-même à leur assistance, et pour les autres au bien qu'on peut leur faire.

13. En accédant à la demande qui lui est adressée, Dieu a souvent en vue de récompenser l'intention, le dévouement et la foi de celui qui prie ; voilà pourquoi la prière de l'homme de bien a plus de mérite aux yeux de Dieu, et toujours plus d'efficacité, car l'homme vicieux et mauvais ne peut prier avec la ferveur et la confiance que donne seul le sentiment de la vraie piété. Du coeur de l'égoïste, de celui qui prie des lèvres, ne sauraient sortir que des mots, mais non les élans de charité qui donnent à la prière toute sa puissance. On le comprend tellement que, par un mouvement instinctif, on se recommande de préférence aux prières de ceux dont on sent que la conduite doit être agréable à Dieu, parce qu'ils en sont mieux écoutés.

14. Si la prière exerce une sorte d'action magnétique, on pourrait en croire l'effet subordonné à la puissance fluidique ; or il n'en est point ainsi. Puisque les Esprits exercent cette action sur les hommes, ils suppléent, quand cela est nécessaire, à l'insuffisance de celui qui prie, soit en agissant directement  en son nom, soit en lui donnant momentanément une force exceptionnelle, lorsqu'il est jugé digne de cette faveur, ou que la chose peut être utile.

L'homme qui ne se croit pas assez bon pour exercer une influence salutaire ne doit pas s'abstenir de prier pour autrui, par la pensée qu'il n'est pas digne d'être écouté. La conscience de son infériorité est une preuve d'humilité toujours agréable à Dieu, qui tient compte de l'intention charitable qui l'anime. Sa ferveur et sa confiance en Dieu sont un premier pas vers le retour au bien dans lequel les bons Esprits sont heureux de l'encourager. La prière qui est repoussée est celle de l'orgueilleux qui a foi en sa puissance et ses mérites, et croit pouvoir se substituer à la volonté de l'Eternel.

15. La puissance de la prière est dans la pensée ; elle ne tient ni aux paroles, ni au lieu, ni au moment où on la fait. On peut donc prier partout et à toute heure, seul ou en commun. L'influence du lieu ou du temps tient aux circonstances qui peuvent favoriser le recueillement. La prière en commun a une action plus puissante quand tous ceux qui prient s'associent de coeur à une même pensée et ont un même but, car c'est comme si beaucoup crient ensemble et à l'unisson ; mais qu'importe d'être réunis en grand nombre si chacun agit isolément et pour son compte personnel ! Cent personnes réunies peuvent prier comme des égoïstes, tandis que deux ou trois, unies dans une commune aspiration, prieront comme de véritables frères en Dieu, et leur prière aura plus de puissance que celle des cent autres.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXVII - Demandez et vous obtiendrez - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

quinta-feira, 30 de janeiro de 2014

Efficacité de la prière

5. Quoi que ce soit que vous demandiez dans la prière, croyez que vous l'obtiendrez, et il vous sera accordé. (Saint Marc, ch. XI, v. 24.)

6. Il y a des gens qui contestent l'efficacité de la prière, et ils se fondent sur ce principe que, Dieu connaissant nos besoins, il est superflu de les lui exposer. Ils ajoutent encore que, tout s'enchaînant dans l'univers par des lois éternelles, nos voeux ne peuvent changer les décrets de Dieu.

Sans aucun doute, il y a des lois naturelles et immuables que Dieu ne peut abroger selon le caprice de chacun ; mais de là à croire que toutes les circonstances de la vie sont soumises à la fatalité, la distance est grande. S'il en était ainsi, l'homme ne serait qu'un instrument passif, sans libre arbitre et sans initiative. Dans cette hypothèse, il n'aurait qu'à courber la tête sous le coup de tous les événements, sans chercher à les éviter ; il n'aurait pas dû chercher à détourner la foudre. Dieu ne lui a pas donné le jugement et l'intelligence pour ne pas s'en servir, la volonté pour ne pas vouloir, l'activité pour rester dans l'inaction. L'homme étant libre d'agir dans un sens ou dans un autre, ses actes ont pour lui-même et pour autrui des conséquences subordonnées à ce qu'il fait ou ne fait pas ; par son initiative, il y a donc des événements qui échappent forcément à la fatalité, et qui ne détruisent pas plus l'harmonie des lois universelles, que l'avance ou le retard de l'aiguille d'une pendule ne détruit la loi du mouvement sur laquelle est établi le mécanisme. Dieu peut donc accéder à certaines demandes sans déroger à l'immuabilité des lois qui régissent l'ensemble, son accession restant toujours subordonnée à sa volonté. 

7. Il serait illogique de conclure de cette maxime : «Quoi que ce soit que vous demandiez par la prière, il vous sera accordé,» qu'il suffit de demander pour obtenir, et injuste d'accuser la Providence si elle n'accède pas à toute demande qui lui est faite, car elle sait mieux que nous ce qui est pour notre bien. Ainsi en est-il d'un père sage qui refuse à son enfant les choses contraires à l'intérêt de celui-ci. L'homme, généralement, ne voit que le présent ; or, si la souffrance est utile à son bonheur futur, Dieu le laissera souffrir, comme le chirurgien laisse le malade souffrir d'une opération qui doit amener la guérison.

Ce que Dieu lui accordera, s'il s'adresse à lui avec confiance, c'est le courage, la patience et la résignation. Ce qu'il lui accordera encore, ce sont les moyens de se tirer lui-même d'embarras, à l'aide des idées qu'il lui fait suggérer par les bons Esprits, lui en laissant ainsi le mérite ; il assiste ceux qui s'aident eux-mêmes, selon cette maxime : «Aide-toi, le ciel t'aidera,» et non ceux qui attendent tout d'un secours étranger sans faire usage de leurs propres facultés ; mais la plupart du temps on préférerait être secouru par un miracle sans avoir rien à faire.

8. Prenons un exemple. Un homme est perdu dans un désert ; il souffre horriblement de la soif ; il se sent défaillir, se laisse tomber à terre ; il prie Dieu de l'assister, et attend ; mais aucun ange ne vient lui apporter à boire. Cependant un bon Esprit lui suggère la pensée de se lever, de suivre un des sentiers qui se présentent devant lui ; alors par un mouvement machinal, rassemblant ses forces, il se lève et marche à l'aventure. Arrivé sur une hauteur, il découvre au loin un ruisseau ; à cette vue il reprend courage. S'il a la foi, il s'écriera : «Merci, mon Dieu, de la pensée que vous m'avez inspirée, et de la force que vous m'avez donnée.» S'il n'a pas la foi, il dira ; «Quelle bonne pensée j'ai eue là ! Quelle chance j'ai eue de prendre le sentier de droite plutôt que celui de gauche ; le hasard nous sert vraiment bien quelquefois ! Combien je me félicite de mon courage et de ne m'être pas laissé abattre !»

Mais, dira-t-on, pourquoi le bon Esprit ne lui a-t-il pas dit clairement : «Suis ce sentier, et au bout tu trouveras ce dont tu as besoin ?» Pourquoi ne s'est-il pas montré à lui pour le guider et le soutenir dans sa défaillance ? De cette manière il l'aurait convaincu de l'intervention de la Providence. C'était d'abord pour lui apprendre qu'il faut s'aider soi-même et faire usage de ses propres forces. Puis, par l'incertitude, Dieu met à l'épreuve la confiance en lui et la soumission à sa volonté. Cet homme était dans la situation d'un enfant qui tombe, et qui, s'il aperçoit quelqu'un, crie et attend qu'on vienne le relever ; s'il ne voit personne, il fait des efforts et se révèle tout seul.

Si l'ange qui accompagna Tobie lui eût dit : «Je suis envoyé par Dieu pour te guider dans ton voyage et te préserver de tout danger,» Tobie n'aurait eu aucun mérite ; se fiant sur son compagnon, il n'aurait même pas eu besoin de penser ; c'est pourquoi l'ange ne s'est fait connaître qu'au retour.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXVII - Demandez et vous obtiendrez - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

quarta-feira, 29 de janeiro de 2014

Qualités de la prière

1. Lorsque vous priez, ne ressemblez pas aux hypocrites qui affectent de prier en se tenant debout dans les synagogues et aux coins des rues pour être vus des hommes. Je vous dis en vérité, ils ont reçu leur récompense. - Mais lorsque vous voudrez prier, entrez dans votre chambre, et la porte étant fermée, priez votre Père dans le secret ; et votre Père, qui voit ce qui se passe dans le secret, vous en rendra la récompense.

N'affectez point de prier beaucoup dans vos prières, comme font les Païens, qui s'imaginent que c'est par la multitude des paroles qu'ils sont exaucés. - Ne vous rendez donc pas semblables à eux, parce que votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez. (Saint Matthieu, ch. VI, v. de 5 à 8.)

2. Lorsque vous vous présentez pour prier, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnez-lui, afin que votre Père, qui est dans les cieux, vous pardonne aussi vos péchés. - Si vous ne pardonnez, votre Père, qui est dans les cieux, ne vous pardonnera point non plus vos péchés. (Saint Marc, ch. XI, v. 25, 26.)

3. Il dit aussi cette parabole à quelques-uns qui mettaient leur confiance en euxmêmes, comme étant justes, et méprisaient les autres :

Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l'un était pharisien et l'autre publicain. - Le pharisien, se tenant debout, priait ainsi en lui-même : Mon Dieu, je vous rends grâce de ce que je ne suis point comme le reste des hommes, qui sont voleurs, injustes et adultères, ni même comme ce publicain. Je jeûne deux fois la semaine ; je donne la dîme de tout ce que je possède. 

Le publicain, au contraire, se tenant éloigné, n'osait pas même lever les yeux au ciel ; mais il frappait sa poitrine, en disant : Mon Dieu, ayez pitié de moi, qui suis un pécheur.

Je vous déclare que celui-ci s'en retourna chez lui justifié, et non pas l'autre ; car quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse sera élevé. (Saint Luc, chap. XVIII, v. de 9 à 14.)

4. Les qualités de la prière sont clairement définies par Jésus ; lorsque vous priez, dit-il, ne vous mettez point en évidence, mais priez dans le secret ; n'affectez point de prier beaucoup, car ce n'est pas par la multiplicité des paroles que vous serez exaucés, mais par leur sincérité ; avant de prier, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnezlui, car la prière ne saurait être agréable à Dieu si elle ne part d'un coeur purifié de tout sentiment contraire à la charité ; priez enfin avec humilité, comme le publicain, et non avec orgueil, comme le pharisien ; examinez vos défauts et non vos qualités, et si vous vous comparez aux autres, cherchez ce qu'il y a de mal en vous.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXVII - Demandez et vous obtiendrez - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

terça-feira, 28 de janeiro de 2014

Médiumnité gratuite

7. Les médiums modernes, - car les apôtres aussi avaient la médiumnité, - ont également reçu de Dieu un don gratuit, celui d'être les interprètes des Esprits pour l'instruction des hommes, pour leur montrer la route du bien et les amener à la foi, et non pour leur vendre des paroles qui ne leur appartiennent pas, parce qu'elles ne sont pas le produit de leur conception, ni de leurs recherches, ni de leur travail personnel. Dieu veut que la lumière arrive à tout le monde ; il ne veut pas que le plus pauvre en soit déshérité et puisse dire : Je n'ai pas la foi, parce que je n'ai pas pu la payer ; je n'ai pas eu la consolation de recevoir les encouragements et les témoignages d'affection de ceux que je pleure, parce que je suis pauvre. Voilà pourquoi la médiumnité n'est point un privilège, et se trouve partout ; la faire payer, serait donc la détourner de son but providentiel.

8. Quiconque connaît les conditions dans lesquelles les bons Esprits se communiquent, leur répulsion pour tout ce qui est d'intérêt égoïste, et qui sait combien il faut peu de chose pour les éloigner, ne pourra jamais admettre que des Esprits supérieurs soient à la disposition du premier venu qui les appellerait à tant la séance ; le simple bon sens repousse une telle pensée. Ne serait-ce pas aussi une profanation d'évoquer à prix d'argent les êtres que nous respectons ou qui nous sont chers ? Sans doute on peut avoir ainsi des manifestations, mais qui pourrait en garantir la sincérité ? Les Esprits légers, menteurs, espiègles, et toute la cohue des Esprits inférieurs, fort peu scrupuleux, viennent toujours, et sont tout prêts à répondre à ce que l'on demande sans se soucier de la vérité. Celui donc qui veut des communications sérieuses doit d'abord les demander sérieusement, puis s'édifier sur la nature des sympathies du médium avec les êtres du monde spirituel ; or la première condition pour se concilier la bienveillance des bons Esprits, c'est l'humilité, le dévouement, l'abnégation, le désintéressement moral et matériel le plus absolu.

9. A côté de la question morale se présente une considération effective non moins importante qui tient à la nature même de la faculté. La médiumnité sérieuse ne peut être et ne sera jamais une profession, non seulement parce qu'elle serait discréditée moralement, et bientôt assimilée aux diseurs de bonne aventure, mais parce qu'un obstacle matériel s'y oppose ; c'est une faculté essentiellement mobile, fugitive et variable, sur la permanence de laquelle nul ne peut compter. Ce serait donc, pour l'exploiteur, une ressource tout à fait incertaine, qui peut lui manquer au moment où elle lui serait le plus nécessaire. Autre chose est un talent acquis par l'étude et le travail, et qui, par cela même, est une propriété dont il est naturellement permis de tirer parti. Mais la médiumnité n'est ni un art ni un talent, c'est pourquoi elle ne peut devenir une profession ; elle n'existe que par le concours des Esprits ; si ces Esprits font défaut, il n'y a plus de médiumnité ; l'aptitude peut subsister, mais l'exercice en est annulé ; aussi n'est-il pas un seul médium au monde qui puisse garantir l'obtention d'un phénomène spirite à un instant donné. Exploiter la médiumnité, c'est donc disposer d'une chose dont on n'est réellement pas maître ; affirmer le contraire, c'est tromper celui qui paye ; il y a plus, ce n'est pas de soi-même qu'on dispose, ce sont les Esprits, les âmes des morts dont le concours est mis à prix ; cette pensée répugne instinctivement. C'est ce trafic, dégénéré en abus, exploité par le charlatanisme, l'ignorance, la crédulité et la superstition, qui a motivé la défense de Moïse. Le spiritisme moderne, comprenant le côté sérieux de la chose, par le discrédit qu'il a jeté sur cette exploitation, a élevé la médiumnité au rang de mission. 

10. La médiumnité est une chose sainte qui doit être pratiquée saintement, religieusement. S'il est un genre de médiumnité qui requière cette condition d'une manière encore plus absolue, c'est la médiumnité guérissante. Le médecin donne le fruit de ses études, qu'il a faites au prix de sacrifices souvent pénibles ; le magnétiseur donne son propre fluide, souvent même sa santé : ils peuvent y mettre un prix ; le médium guérisseur transmet le fluide salutaire des bons Esprits : il n'a pas le droit de le vendre. Jésus et les apôtres, quoique pauvres, ne faisaient point payer les guérisons qu'ils opéraient.

Que celui donc qui n'a pas de quoi vivre cherche des ressources ailleurs que dans la médiumnité ; qu'il n'y consacre, s'il le faut, que le temps dont il peut disposer matériellement. Les Esprits lui tiendront compte de son dévouement et de ses sacrifices, tandis qu'ils se retirent de ceux qui espèrent s'en faire un marchepied.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXVI - Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

segunda-feira, 27 de janeiro de 2014

Vendeurs chassés du temple

5. Ils vinrent ensuite à Jérusalem, et Jésus étant entré dans le temple, commença par chasser ceux qui y vendaient et qui y achetaient ; il renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient des colombes ; - et il ne permettait pas que personne transportât aucun ustensile par le temple. - Il les instruisit aussi en leur disant : N'est-il pas écrit : Ma maison sera appelée la maison de prières pour toutes les nations ? Et cependant vous en avez fait une caverne de voleurs. - Ce que les princes des prêtres ayant entendu, ils cherchaient un moyen de le perdre ; car ils le craignaient, parce que tout le peuple était ravi en admiration de sa doctrine. (Saint Marc, ch. XI, v. de 15 à 18. - Saint Matthieu, ch. XXI, v. 12, 13.)

6. Jésus a chassé les vendeurs du temple ; par là il condamne le trafic des choses saintes sous quelque forme que ce soit. Dieu ne vend ni sa bénédiction, ni son pardon, ni l'entrée du royaume des cieux ; l'homme n'a donc pas le droit de les faire payer.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXVI - Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

domingo, 26 de janeiro de 2014

Prières payées

3. Il dit ensuite à ses disciples en présence de tout le peuple qui l'écoutait : -Gardez-vous des scribes qui affectent de se promener en longues robes, qui aiment à être salués dans les places publiques, à occuper les premières chaires dans les synagogues et les premières places dans, les festins ; - qui, sous prétexte de longues prières, dévorent les maisons des veuves. Ces personnes en recevront une condamnation plus rigoureuse. (Saint Luc, ch. XX, v. 45, 46, 47. - Saint Marc, ch. XII, v. 38, 39, 40. - Saint Matthieu, ch. XXIII, v. 14.)

4. Jésus dit aussi : Ne faites point payer vos prières ; ne faites point comme les scribes qui, «sous prétexte de longues prières, dévorent les maisons des veuves;» c'est-à-dire accaparent les fortunes. La prière est un acte de charité, un élan du coeur ; faire payer celle que l'on adresse à Dieu pour autrui, c'est se transformer en intermédiaire salarié ; la prière alors est une formule dont on proportionne la longueur à la somme qu'elle rapporte. Or, de deux choses l'une : Dieu mesure ou ne mesure pas ses grâces au nombre des paroles ; s'il en faut beaucoup, pourquoi en dire peu ou pas du tout à celui qui ne peut pas payer ? c'est un manque de charité ; si une seule suffit, le surplus est inutile ; pourquoi donc alors le faire payer ? c'est une prévarication.

Dieu ne vend pas les bienfaits qu'il accorde ; pourquoi donc celui qui n'en est pas même le distributeur, qui ne peut en garantir l'obtention, ferait-il payer une demande qui peut être sans résultat ? Dieu ne peut subordonner un acte de clémence, de bonté ou de justice que l'on sollicite de sa miséricorde, à une somme d'argent ; autrement il en résulterait que si la somme n'est pas payée, ou est insuffisante, la justice, la bonté et la clémence de Dieu seraient suspendues. La raison, le bon sens, la logique disent que Dieu, la perfection absolue, ne peut déléguer à des créatures imparfaites le droit de mettre à prix sa justice. La justice de Dieu est comme le soleil ; elle est pour tout le monde, pour le pauvre comme pour le riche. Si l'on considère comme immoral de trafiquer des grâces d'un souverain de la terre, est-il plus licite de vendre celles du souverain de l'univers ?

Les prières payées ont un autre inconvénient ; c'est que celui qui les achète se croit, le plus souvent, dispensé de prier lui-même, parce qu'il se regarde comme quitte quand il a donné son argent. On sait que les Esprits sont touchés par la ferveur de la pensée de celui qui s'intéresse à eux ; quelle peut être la ferveur de celui qui charge un tiers de prier pour lui en payant ? quelle est la ferveur de ce tiers quand il délègue son mandat à un autre, celui-ci à un autre, et ainsi de suite ? N'est-ce pas réduire l'efficacité de la prière à la valeur d'une monnaie courante ? 

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXVI - Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

sábado, 25 de janeiro de 2014

Don de guérir

1. Rendez la santé aux malades, ressuscitez les morts, guérissez les lépreux, chassez les démons. Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement. (Saint Matthieu, ch. X, v. 8.)

2. «Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement,» dit Jésus à ses disciples ; par ce précepte il prescrit de ne point faire payer ce que l'on n'a pas payé soi-même ; or, ce qu'ils avaient reçu gratuitement, c'était la faculté de guérir les malades et de chasser les démons, c'est-à-dire les mauvais Esprits ; ce don leur avait été donné gratuitement par Dieu pour le soulagement de ceux qui souffrent, et pour aider à la propagation de la foi, et il leur dit de ne point en faire un trafic, ni un objet de spéculation, ni un moyen de vivre.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXVI - Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

sexta-feira, 24 de janeiro de 2014

Ne vous mettez point en peine d'avoir de l'or

9. Ne vous mettez point en peine d'avoir de l'or ou de l'argent, ou d'autre monnaie dans votre bourse. - Ne préparez ni un sac pour le chemin, ni deux habits, ni souliers, ni bâtons, car celui qui travaille mérite qu'on le nourrisse.

10. En quelque ville ou en quelque village que vous entriez, informez-vous qui est digne de vous loger, et demeurez chez lui jusqu'à ce que vous vous en alliez. -En entrant dans la maison, saluez-la en disant : Que la paix soit dans cette maison. - Si cette maison en est digne, votre paix viendra sur elle ; et si elle n'en est pas digne, votre paix reviendra à vous.

Lorsque quelqu'un ne voudra point vous recevoir, ni écouter vos paroles, secouez en sortant de cette maison ou de cette ville la poussière de vos pieds. - Je vous dis en vérité, au jour du jugement, Sodome et Gomorrhe seront traitées moins rigoureusement que cette ville. (Saint Matthieu, ch. X, v. de 9 à 15.)

11. Ces paroles, que Jésus adressait à ses apôtres, lorsqu'il les envoya pour la première fois annoncer la bonne nouvelle, n'avaient rien d'étrange à cette époque ; elles étaient selon les moeurs patriarcales de l'Orient, où le voyageur était toujours reçu sous la tente. Mais alors les voyageurs étaient rares ; chez les peuples modernes l'accroissement de la circulation a dû créer de nouvelles moeurs ; on ne retrouve celles des temps antiques que dans les contrées retirées où le grand mouvement n'a pas encore pénétré ; et si Jésus revenait aujourd'hui, il ne pourrait plus dire à ses apôtres : Mettez-vous en route sans provisions.

A côté du sens propre, ces paroles ont un sens moral très profond. Jésus apprenait ainsi à ses disciples à se confier à la Providence ; puis ceux-ci n'ayant rien, ils ne pouvaient tenter la cupidité de ceux qui les recevaient ; c'était le moyen de distinguer les charitables des égoïstes ; c'est pourquoi il leur dit : «Informez-vous qui est digne de vous loger ;» c'est-à-dire qui est assez humain pour héberger le voyageur qui n'a pas de quoi payer, car ceux-là sont dignes d'entendre vos paroles ; c'est à leur charité que vous les reconnaîtrez.

Quant à ceux qui ne voudront ni les recevoir, ni les écouter, dit-il à ses apôtres de les maudire, de s'imposer à eux, d'user de violence et de contrainte pour les convertir ? Non ; mais de s'en aller purement et simplement ailleurs, et de chercher les gens de bonne volonté. 

Ainsi dit aujourd'hui le spiritisme à ses adeptes : Ne violé aucune conscience ; ne contraignez personne à quitter sa croyance pour adopter la vôtre ; ne jetez point l'anathème sur ceux qui ne pensent pas comme vous ; accueillez ceux qui viennent à vous et laissez en repos ceux qui vous repoussent. Souvenez-vous des paroles du Christ ; jadis le ciel se prenait par la violence, aujourd'hui, c'est par la douceur.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXV - Cherchez et vous trouverez - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

quinta-feira, 23 de janeiro de 2014

Considérez les oiseaux du ciel

6. Ne vous faites point de trésors dans la terre, où la rouille et les vers les mangent, et où les voleurs les déterrent et les dérobent ; - mais faites-vous des trésors dans le ciel, où ni la rouille ni les vers ne les mangent point ; - car où est votre trésor, là aussi est votre coeur.

C'est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez point où vous trouverez de quoi manger pour le soutien de votre vie, ni d'où vous aurez des vêtements pour couvrir votre corps ; la vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ?

Considérez les oiseaux du ciel : ils ne sèment point, ils ne moissonnent point, et ils n'amassent rien dans des greniers ; mais votre Père céleste les nourrit ; n'êtesvous pas beaucoup plus qu'eux ? - Et qui est celui d'entre vous qui puisse, avec tous ses soins, ajouter à sa taille la hauteur d'une coudée ?

Pourquoi aussi vous inquiétez-vous pour le vêtement ? Considérez comme croissent les lis des champs ; ils ne travaillent point, ils ne filent point ; - et cependant je vous déclare que Salomon, même dans toute sa gloire, n'a jamais été vêtu comme l'un d'eux. - Si donc Dieu a soin de vêtir de cette sorte une herbe des champs, qui est aujourd'hui et qui demain sera jetée dans le four, combien aura-t-il plus de soin de vous vêtir, ô hommes de peu de foi ! 

Ne vous inquiétez donc point, on disant : Que mangerons-nous, ou que boironsnous, ou de quoi nous vêtirons-nous ? - comme font les Païens qui recherchent toutes ces choses ; car votre Père sait que vous en avez besoin.

Cherchez donc premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît. - C'est pourquoi ne soyez point en inquiétude pour le lendemain, car le lendemain aura soin de lui même. A chaque jour suffit son mal. (Saint Matthieu, ch. VI, v. de 25 à 34.)

7. Ces paroles prises à la lettre seraient la négation de toute prévoyance, de tout travail, et par conséquent de tout progrès. Avec un tel principe, l'homme se réduirait à une passivité expectante ; ses forces physiques et intellectuelles seraient sans activité ; si telle eût été sa condition normale sur la terre, il ne serait jamais sorti de l'état primitif, et s'il en faisait sa loi actuelle, il n'aurait plus qu'à vivre sans rien faire. Telle ne peut avoir été la pensée de Jésus, car elle serait en contradiction avec ce qu'il a dit ailleurs, avec les lois mêmes de la nature. Dieu a créé l'homme sans vêtements et sans abri, mais il lui a donné l'intelligence pour s'en fabriquer. 

Il ne faut donc voir dans ces paroles qu'une poétique allégorie de la Providence, qui n'abandonne jamais ceux qui mettent en elle sa confiance, mais elle veut qu'ils travaillent de leur côté. Si elle ne vient pas toujours en aide par un secours matériel, elle inspire les idées avec lesquelles on trouve les moyens de se tirer soi même d'embarras.

Dieu connaît nos besoins, et il y pourvoit selon ce qui est nécessaire ; mais l'homme, insatiable dans ses désirs, ne sait pas toujours se contenter de ce qu'il a ; le nécessaire ne lui suffit pas, il lui faut le superflu ; c'est alors que la Providence le laisse à lui-même ; souvent il est malheureux par sa faute et pour avoir méconnu la voix qui l'avertissait par sa conscience, et Dieu lui en laisse subir les conséquences, afin que cela lui serve de leçon à l'avenir.

8. La terre produit assez pour nourrir tous ses habitants, quand les hommes sauront administrer les biens qu'elle donne, selon les lois de justice, de charité et d'amour du prochain ; quand la fraternité régnera entre les divers peuples, comme entre les provinces d'un même empire, le superflu momentané de l'un suppléera à l'insuffisance momentanée de l'autre, et chacun aura le nécessaire. Le riche alors se considérera comme un homme ayant une grande quantité de semences ; s'il les répand, elles produiront au centuple pour lui et pour les autres ; mais s'il mange ces semences à lui seul, et s'il gaspille et laisse perdre le surplus de ce qu'il mangera, elles ne produiront rien, et il n'y en aura pas pour tout le monde ; s'il les enferme dans son grenier, les vers les mangeront : c'est pourquoi Jésus dit : Ne vous faites point de trésors dans la terre, qui sont périssables, mais faites-vous des trésors dans le ciel, parce qu'ils sont éternels. En d'autres termes, n'attachez pas aux biens matériels plus d'importance qu'aux biens spirituels, et sachez sacrifier les premiers au profit des seconds.

Ce n'est pas avec des lois qu'on décrète la charité et la fraternité ; si elles ne sont pas dans le coeur, l'égoïsme les étouffera toujours ; les y faire pénétrer est l'oeuvre du spiritisme.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXV - Cherchez et vous trouverez - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

quarta-feira, 22 de janeiro de 2014

Aide-toi, le ciel t'aidera

1. Demandez et l'on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez à la porte et l'on vous ouvrira ; car quiconque demande reçoit, et qui cherche trouve, et l'on ouvrira à celui qui frappe à la porte.

Aussi qui est l'homme d'entre vous qui donne une pierre à son fils lorsqu'il lui demande du pain ? - ou s'il lui demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent ? - Si donc, étant méchants comme vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnerat-il les vrais biens à ceux qui les lui demandent. (Saint Matthieu, ch. VIII, v. de 7 à 11.)

2. Au point de vue terrestre, la maxime : Cherchez et vous trouverez, est l'analogue de celle-ci : Aide-toi, le ciel t'aidera. C'est le principe de la loi du travail, et par suite de la loi du progrès, car le progrès est fils du travail, parce que le travail met en action les forces de l'intelligence.

Dans l'enfance de l'humanité, l'homme n'applique son intelligence qu'à la recherche de sa nourriture, des moyens de se préserver des intempéries, et de se défendre contre ses ennemis ; mais Dieu lui a donné de plus qu'à l'animal le désir incessant du mieux; c'est ce désir du mieux qui le pousse à la recherche des moyens d'améliorer sa position, qui le conduit aux découvertes, aux inventions, au perfectionnement de la science, car c'est la science qui lui procure ce qui lui manque. Par ses recherches son intelligence grandit, son moral s'épure ; aux besoins du corps succèdent les besoins de l'esprit ; après la nourriture matérielle, il faut la nourriture spirituelle, c'est ainsi que l'homme passe de la sauvagerie à la civilisation.

Mais le progrès que chaque homme accomplit individuellement pendant la vie est bien peu de chose, imperceptible même chez un grand nombre ; comment alors l'humanité pourrait-elle progresser sans la préexistence et la réexistence de l'âme ? Les âmes s'en allant chaque jour pour ne plus revenir, l'humanité se renouvellerait sans cesse avec les éléments primitifs, ayant tout à faire, tout à apprendre ; il n'y aurait donc pas de raison pour que l'homme fût plus avancé aujourd'hui qu'aux premiers âges du monde, puisqu'à chaque naissance tout le travail intellectuel serait à recommencer. L'âme, au contraire, revenant avec son progrès accompli, et acquérant chaque fois quelque chose de plus, c'est ainsi qu'elle passe graduellement de la barbarie à la civilisation matérielle, et de celle-ci à la civilisation morale.

3. Si Dieu eût affranchi l'homme du travail du corps, ses membres seraient atrophiés ; s'il l'eût affranchi du travail de l'intelligence, son esprit serait resté dans l'enfance, à l'état d'instinct animal ; c'est pourquoi il lui a fait une nécessité du travail ; il lui a dit : Cherche et tu trouveras ; travaille et tu produiras ; de cette manière tu seras le fils de tes oeuvres, tu en auras le mérite, et tu seras récompensé selon ce que tu auras fait.

4. C'est par application de ce principe que les Esprits ne viennent pas épargner à l'homme le travail des recherches, en lui apportant des découvertes et des inventions toutes faites et prêtes à produire, de manière à n'avoir qu'à prendre ce qu'on lui mettrait dans la main, sans avoir la peine de se baisser pour ramasser, ni même celle de penser. S'il en était ainsi, le plus paresseux pourrait s'enrichir, et le plus ignorant devenir savant à bon marché, et l'un et l'autre se donner le mérite de ce qu'ils n'auraient point fait. Non, les Esprits ne viennent point affranchir l'homme de la loi du travail, mais lui montrer le but qu'il doit atteindre et la route qui y conduit, en lui disant : Marche et tu arriveras. Tu trouveras des pierres sous tes pas ; regarde, et ôte-les toi-même ; nous te donnerons la force nécessaire si tu veux l'employer. 

5. Au point de vue moral, ces paroles de Jésus signifient : Demandez la lumière qui doit éclairer votre route, et elle vous sera donnée ; demandez la force de résister au mal, et vous l'aurez ; demandez l'assistance des bons Esprits, et ils viendront vous accompagner, et comme l'ange de Tobie, ils vous serviront de guides ; demandez de bons conseils, et ils ne vous seront jamais refusés ; frappez à notre porte, et elle vous sera ouverte ; mais demandez sincèrement, avec foi, ferveur et confiance ; présentez-vous avec humilité et non avec arrogance, sans cela vous serez abandonnés à vos propres forces, et les chutes mêmes que vous ferez seront la punition de votre orgueil.

Tel est le sens de ces paroles : Cherchez et vous trouverez, frappez et l'on vous ouvrira.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXV - Cherchez et vous trouverez - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

terça-feira, 21 de janeiro de 2014

Porter sa croix

17. Vous êtes bien heureux, lorsque les hommes vous haïront, qu'ils vous sépareront, qu'ils vous traiteront injurieusement, qu'ils rejetteront votre nom comme mauvais à cause du Fils de l'homme. - Réjouissez-vous en ce jour-là, et soyez ravis de joie, parce qu'une grande récompense vous est réservée dans le ciel, car c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes. (Saint Luc, ch. VI, v. 22, 23.)

18. En appelant à soi le peuple avec ses disciples, il leur dit : Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même, qu'il porte sa croix et qu'il me suive ; - car celui qui voudra se sauver soi-même se perdra ; et celui qui se perdra pour l'amour de moi et de l'Evangile, se sauvera. - En effet, que servirait à un homme de gagner tout le monde, et de se perdre soi-même ? (Saint Marc, ch. VIII, v. de 34 à 36. - Saint Luc, ch. IX, v. 23, 24, 25. - Saint Matthieu, ch. X, v. 39. - Saint Jean, ch. XII, v. 24, 25.)

19. Réjouissez-vous, dit Jésus, quand les hommes vous haïront et vous persécuteront à cause de moi, parce que vous en serez récompensés dans le ciel. Ces paroles peuvent se traduire ainsi : Soyez heureux quand des hommes, par leur mauvais vouloir à votre égard, vous fournissent l'occasion de prouver la sincérité de votre foi, car le mal qu'ils vous font tourne à votre profit. Plaignez-les donc de leur aveuglement, et ne les maudissez pas.

Puis il ajoute : «Que celui qui veut me suivre porte sa croix,» c'est-àdire qu'il supporte courageusement les tribulations que sa foi lui suscitera ; car celui qui voudra sauver sa vie et ses biens en me renonçant, perdra les avantages du royaume des cieux, tandis que ceux qui auront tout perdu ici-bas, même la vie, pour le triomphe de la vérité, recevront, dans la vie future, le prix de leur courage, de leur persévérance et de leur abnégation ; mais à ceux qui sacrifient les biens célestes aux jouissances terrestres, Dieu dit : Vous avez déjà reçu votre récompense.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXIV - Ne mettez pas la lampe sous le boisseau - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

segunda-feira, 20 de janeiro de 2014

Courage de la foi

13. Quiconque me confessera et me reconnaîtra devant les hommes, je le reconnaîtrai et confesserai aussi moi-même devant mon Père qui est dans les cieux ; - et quiconque me renoncera devant les hommes, je le renoncerai aussi moi-même devant mon Père qui est dans les cieux. (Saint Matthieu, ch. X, v. 32, 33.)

14. Si quelqu'un rougit de moi et de mes paroles, le Fils de l'homme rougira aussi de lui, lorsqu'il viendra dans sa gloire et dans celle de son Père et des saints anges. (Saint Luc, ch. IX, v. 26.)

15. Le courage de l'opinion a toujours été tenu en estime parmi les hommes, parce qu'il y a du mérite à braver les dangers, les persécutions, les contradictions, et même les simples sarcasmes, auxquels s'expose presque toujours celui qui ne craint pas d'avouer hautement des idées qui ne sont pas celles de tout le monde. Ici, comme en tout, le mérite est en raison des circonstances et de l'importance du résultat. Il y a toujours faiblesse à reculer devant les conséquences de son opinion et à la renier, mais il est des cas où c'est une lâcheté aussi grande que de fuir au moment du combat.

Jésus flétrit cette lâcheté, au point de vue spécial de sa doctrine, en disant que si quelqu'un rougit de ses paroles, il rougira aussi de lui ; qu'il reniera celui qui l'aura renié ; que celui qui le confessera devant les hommes, il le reconnaîtra devant son Père qui est dans les cieux ; en d'autres termes : ceux qui auront craint de s'avouer disciples de la vérité, ne sont pas dignes d'être admis dans le royaume de la vérité. Ils perdront le bénéfice de leur foi, parce que c'est une foi égoïste, qu'ils gardent pour eux-mêmes, mais qu'ils cachent de peur qu'elle ne leur porte préjudice en ce monde, tandis que ceux qui, mettant la vérité audessus de leurs intérêts matériels, la proclament ouvertement, travaillent en même temps pour leur avenir et celui des autres. 

16. Ainsi en sera-t-il des adeptes du spiritisme ; puisque leur doctrine n'est autre que le développement et l'application de celle de l'Evangile, c'est à eux aussi que s'adressent les paroles du Christ. Ils sèment sur la terre ce qu'ils récolteront dans la vie spirituelle ; là ils recueilleront les fruits de leur courage ou de leur faiblesse.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXIV - Ne mettez pas la lampe sous le boisseau - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

sábado, 18 de janeiro de 2014

Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin

11. Jésus étant à table dans la maison de cet homme (Matthieu), il y vint beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie qui se mirent à table avec Jésus et ses disciples ; - ce que les Pharisiens ayant vu, ils dirent à ses disciples : Pourquoi votre Maître mange-t-il avec des publicains et des gens de mauvaise vie ? - Mais Jésus les ayant entendus, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui se portent bien, mais les malades qui ont besoin de médecin. (Saint Matthieu, ch. IX, v. 10, 11, 12.)

12. Jésus s'adressait surtout aux pauvres et aux déshérités, parce que ce sont eux qui ont le plus besoin de consolations ; aux aveugles dociles et de bonne foi, parce qu'ils demandent à voir, et non aux orgueilleux qui croient posséder toute lumière et n'avoir besoin de rien.

Cette parole, comme tant d'autres, trouve son application dans le spiritisme. On s'étonne parfois que la médiumnité soit accordée à des gens indignes et capables d'en faire un mauvais usage ; il semble, dit-on, qu'une faculté si précieuse devrait être l'attribut exclusif des plus méritants.

Disons d'abord que la médiumnité tient à une disposition organique dont tout homme peut être doué comme de celle de voir, d'entendre, de parler. Il n'en est pas une dont l'homme, en vertu de son libre arbitre, ne puisse abuser, et si Dieu n'avait accordé la parole, par exemple, qu'à ceux qui sont incapables de dire de mauvaises choses, il y aurait plus de muets que de parlants. Dieu a donné à l'homme des facultés ; il le laisse libre d'en user, mais il punit toujours celui qui en abuse. 

Si le pouvoir de communiquer avec les Esprits n'était donné qu'aux plus dignes, quel est celui qui oserait y prétendre ? Où serait d'ailleurs la limite de la dignité et de l'indignité ? La médiumnité est donnée sans distinction, afin que les Esprits puissent porter la lumière dans tous les rangs, dans toutes les classes de la société, chez le pauvre comme chez le riche ; chez les sages pour les fortifier dans le bien, chez les vicieux pour les corriger. Ces derniers ne sont-ils pas les malades qui ont besoin du médecin ? Pourquoi Dieu, qui ne veut pas la mort du pécheur, le priverait-il du secours qui peut le tirer du bourbier ? Les bons Esprits lui viennent donc en aide, et leurs conseils qu'il reçoit directement sont de nature à l'impressionner plus vivement que s'il les recevait par des voies détournées. Dieu, dans sa bonté, pour lui épargner la peine d'aller chercher la lumière au loin, la lui met dans la main ; n'est-il pas bien plus coupable de ne pas la regarder ? Pourra-t-il s'excuser sur son ignorance, quand il aura écrit lui-même, vu de ses yeux, entendu de ses oreilles, et prononcé de sa bouche sa propre condamnation ? S'il ne profite pas, c'est alors qu'il est puni par la perte ou par la perversion de sa faculté dont les mauvais Esprits s'emparent pour l'obséder et le tromper, sans préjudice des afflictions réelles dont Dieu frappe ses serviteurs indignes, et les coeurs endurcis par l'orgueil et l'égoïsme.

La médiumnité n'implique pas nécessairement des rapports habituels avec les Esprits supérieurs ; c'est simplement une aptitude à servir d'instrument plus ou moins souple aux Esprits en général. Le bon médium n'est donc pas celui qui communique facilement, mais celui qui est sympathique aux bons Esprits et n'est assisté que par eux. C'est en ce sens seulement que l'excellence des qualités morales est toute-puissante sur la médiumnité.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXIV - Ne mettez pas la lampe sous le boisseau - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

sexta-feira, 17 de janeiro de 2014

N'allez point vers les Gentils

8. Jésus envoya ses douze (les apôtres) après leur avoir donné les instructions suivantes : N'allez point vers les Gentils, et n'entrez point dans les villes des Samaritains ; - mais allez plutôt aux brebis perdues de la maison d'Israël ; - et dans les lieux où vous irez, prêchez en disant que le royaume des cieux est proche. (Saint Matth., ch. X, v. 5, 6, 7.)

9. Jésus prouve en maintes circonstances que ses vues ne sont point circonscrites au peuple juif, mais qu'elles embrassent toute l'humanité. Si donc il dit à ses apôtres de ne point aller chez les Païens, ce n'est pas par dédain pour la conversion de ceux-ci, ce qui eût été peu charitable, mais parce que les Juifs, qui croyaient en l'unité de Dieu et attendaient le Messie, étaient préparés, par la loi de Moïse et les prophètes, à recevoir sa parole. Chez les Païens, la base même manquant, tout était à faire, et les apôtres n'étaient point encore assez éclairés pour une aussi lourde tâche ; c'est pourquoi il leur dit : Allez aux brebis égarées d'Israël ; c'està-dire, allez semer dans un terrain déjà défriché, sachant bien que la conversion des Gentils viendrait en son temps ; plus tard, en effet, c'est au centre même du paganisme que les apôtres allèrent planter la croix.

10. Ces paroles peuvent s'appliquer aux adeptes et aux propagateurs du spiritisme. Les incrédules systématiques, les railleurs obstinés, les adversaires intéressés, sont pour eux ce qu'étaient les Gentils pour les apôtres. A l'exemple de ceux-ci, qu'ils cherchent d'abord des prosélytes parmi les gens de bonne volonté, ceux qui désirent la lumière, en qui on trouve un germe fécond, et le nombre en est grand, sans perdre leur temps avec ceux qui refusent de voir et d'entendre, et se raidissent d'autant plus, par orgueil, qu'on paraît attacher plus de prix à leur conversion. Mieux vaut ouvrir les yeux à cent aveugles qui désirent voir clair, qu'à un seul qui se complaît dans l'obscurité, parce que c'est augmenter le nombre des soutiens de la cause dans une plus grande proportion. Laisser les autres tranquilles n'est pas de l'indifférence, mais de la bonne politique ; leur tour viendra quand ils seront dominés par l'opinion générale, et qu'ils entendront la même chose sans cesse répétée autour d'eux ; alors ils croiront accepter l'idée volontairement et d'euxmêmes et non sous la pression d'un individu. Puis il en est des idées comme des semences : elles ne peuvent germer avant la saison, et seulement dans un terrain préparé, c'est pourquoi il est mieux d'attendre le temps propice, et de cultiver d'abord celles qui germent, de crainte de faire avorter les autres en les poussant trop.

Au temps de Jésus, et par suite des idées restreintes et matérielles de l'époque, tout était circonscrit et localisé ; la maison d'Israël était un petit peuple ; les Gentils étaient de petits peuples environnants ; aujourd'hui les idées s'universalisent et se spiritualisent. La lumière nouvelle n'est le privilège d'aucune nation ; pour elle il n'existe plus de barrières ; elle a son foyer partout et tous les hommes sont frères. Mais aussi les Gentils ne sont plus un peuple, c'est une opinion que l'on rencontre partout, et dont la vérité triomphe peu à peu comme le christianisme a triomphé du paganisme. Ce n'est plus avec les armes de guerre qu'on les combat, mais avec la puissance de l'idée.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXIV - Ne mettez pas la lampe sous le boisseau - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

quinta-feira, 16 de janeiro de 2014

Lampe sous le boisseau

1. On n'allume point une lampe pour la mettre sous le boisseau ; mais on la met sur un chandelier, afin qu'elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. (Saint Matthieu, ch. V, v. 15.)

2. Il n'y a personne qui, après avoir allumé une lampe, la couvre d'un vase ou la mette sous un lit ; mais on la met sur le chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière ; - car il n'y a rien de secret qui ne doive être découvert, ni rien de caché qui ne doive être connu et paraître publiquement. (Saint Luc, ch. VIII, v. 16, 17.)

3. Ses disciples, s'approchant, lui dirent : Pourquoi leur parlez-vous en paraboles ? - Et leur répondant, il leur dit : C'est parce que, pour vous autres, il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux ; mais, pour eux, il ne leur a pas été donné. - Je leur parle en paraboles, parce qu'en voyant ils ne voient point, et qu'en écoutant ils n'entendent ni ne comprennent point. - Et la prophétie d'Isaïe s'accomplira en eux lorsqu'il dit : Vous écouterez de vos oreilles, et vous n'entendrez point ; vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point. - Car le coeur de ce peuple s'est appesanti, et leurs oreilles sont devenues sourdes, et ils ont fermé leurs yeux de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n'entendent, que leur coeur ne comprenne, et que, s'étant convertis, je ne les guérisse. (Saint Matthieu, ch. XIII, v. de 10 à 15.)

4. On s'étonne d'entendre Jésus dire qu'il ne faut pas mettre la lumière sous le boisseau, tandis que lui-même cache sans cesse le sens de ses paroles sous le voile de l'allégorie qui ne peut être comprise de tous. Il s'explique en disant à ses apôtres : Je leur parle en paraboles, parce qu'ils ne sont pas en état de comprendre certaines choses ; ils voient, regardent, entendent et ne comprennent pas ; leur tout dire serait donc inutile pour le moment ; mais à vous je vous le dis, parce qu'il vous est donné de comprendre ces mystères. Il agissait donc avec le peuple comme on le fait avec des enfants dont les idées ne sont pas encore développées. Par là il indique le véritable sens de la maxime : «Il ne faut pas mettre la lampe sous le boisseau, mais sur le chandelier, afin que tous ceux qui entrent puissent la voir.» Elle ne signifie point qu'il faut inconsidérément révéler toutes les choses ; tout enseignement doit être proportionné à l'intelligence de celui à qui l'on s'adresse, car il est des gens qu'une lumière trop vive éblouit sans les éclairer.

Il en est des hommes en général comme des individus ; les générations ont leur enfance, leur jeunesse et leur âge mûr ; chaque chose doit venir en son temps, et la graine semée hors de saison ne fructifie pas. Mais ce que la prudence commande de taire momentanément doit tôt ou tard être découvert, parce que, arrivés à un certain degré de développement, les hommes recherchent eux-mêmes la lumière vive ; l'obscurité leur pèse. Dieu leur ayant donné l'intelligence pour comprendre et pour se guider dans les choses de la terre et du ciel, ils veulent raisonner leur foi ; c'est alors qu'il ne faut pas mettre la lampe sous le boisseau, car sans la lumière de la raison, la foi s'affaiblit.

5. Si donc, dans sa prévoyante sagesse, la Providence ne révèle les vérités que graduellement, elle les découvre toujours à mesure que l'humanité est mûre pour les recevoir ; elle les tient en réserve et non sous le boisseau ; mais les hommes qui en sont en possession ne les cachent la plupart du temps au vulgaire qu'en vue de le dominer ; ce sont eux qui mettent véritablement la lumière sous le boisseau. C'est ainsi que toutes les religions ont eu leurs mystères dont elles interdisaient l'examen ; mais tandis que ces religions restaient en arrière, la science et l'intelligence ont marché et ont déchiré le voile mystérieux ; le vulgaire devenu adulte a voulu pénétrer le fond des choses, et alors il a rejeté de sa foi ce qui était contraire à l'observation.

Il ne peut y avoir de mystères absolus, et Jésus est dans le vrai quand il dit qu'il n'y a rien de secret qui ne doive être connu. Tout ce qui est caché sera découvert un jour, et ce que l'homme ne peut encore comprendre sur la terre lui sera successivement dévoilé dans des mondes plus avancés, et lorsqu'il sera purifié ; ici-bas, il est encore dans le brouillard.

6. On se demande quel profit le peuple pouvait retirer de cette multitude de paraboles dont le sens restait caché pour lui ? Il est à remarquer que Jésus ne s'est exprimé en paraboles que sur les parties en quelque sorte abstraites de sa doctrine ; mais ayant fait de la charité envers le prochain, et de l'humilité, la condition expresse du salut, tout ce qu'il a dit à cet égard est parfaitement clair, explicite et sans ambiguïté. Il en devait être ainsi, parce que c'était la règle de conduite, règle que tout le monde devait comprendre pour pouvoir l'observer ; c'était l'essentiel pour la multitude ignorante à laquelle il se bornait à dire : Voilà ce qu'il faut faire pour gagner le royaume des cieux. Sur les autres parties il ne développait sa pensée qu'à ses disciples ; ceux-ci étant plus avancés moralement et intellectuellement, Jésus avait pu les initier à des vérités plus abstraites ; c'est pourquoi il dit : A ceux qui ont déjà, il sera donné encore davantage.

Cependant, même avec ses apôtres, il est resté dans le vague sur beaucoup de points dont la complète intelligence était réservée à des temps ultérieurs. Ce sont ces points qui ont donné lieu à des interprétations si diverses, jusqu'à ce que la science, d'un côté, et le spiritisme, de l'autre, soient venus révéler les nouvelles lois de nature qui en ont fait comprendre le véritable sens.

7. Le spiritisme vient aujourd'hui jeter la lumière sur une foule de points obscurs ; cependant il ne la jette pas inconsidérément. Les Esprits procèdent dans leurs instructions avec une admirable prudence ; ce n'est que successivement et graduellement qu'ils ont abordé les diverses parties connues de la doctrine, et c'est ainsi que les autres parties seront révélées au fur et à mesure que le moment sera venu de les faire sortir de l'ombre. S'ils l'eussent présentée complète dès le début, elle n'eût été accessible qu'à un petit nombre ; elle eût même effrayé ceux qui n'y étaient pas préparés, ce qui aurait nui à sa propagation. Si donc les Esprits ne disent pas encore tout ostensiblement, ce n'est point qu'il y ait dans la doctrine des mystères réservés à des privilégiés, ni qu'ils mettent la lampe sous le boisseau, mais parce que chaque chose doit venir en temps opportun ; ils laissent à une idée le temps de mûrir et de se propager avant d'en présenter une autre, et aux événements celui d'en préparer l'acceptation.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXIV - Ne mettez pas la lampe sous le boisseau - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

quarta-feira, 15 de janeiro de 2014

Je ne suis pas venu pour apporter la paix, mais la division

9. Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée ; - car je suis venu séparer l'homme d'avec son père, la fille d'avec sa mère, et la belle-fille d'avec sa belle-mère ; - et l'homme aura pour ennemis ceux de sa maison. (Saint Matthieu, ch. X, v. 34, 35, 36.)

10. Je suis venu pour jeter le feu dans la terre ; et que désiré-je, sinon qu'il s'allume ? - Je dois être baptisé d'un baptême, et combien je me sens pressé qu'il s'accomplisse !

Croyez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, je vous assure, mais au contraire la division ; - car désormais s'il se trouve cinq personnes dans une maison, elles seront divisées les unes contre les autres : trois contre deux et deux contre trois. - Le père sera en division avec le fils, et le fils avec le père ; la mère avec la fille, et la fille avec la mère ; la belle-mère avec la belle-fille, et la belle-fille avec la belle-mère. (Saint Luc, ch. XII, v. de 49 à 53.)

11. Est-ce bien Jésus, la personnification de la douceur et de la bonté, lui qui n'a cessé de prêcher l'amour du prochain, qui a pu dire : Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée ; je suis venu séparer le fils du père, l'époux de l'épouse ; je suis venu jeter le feu sur la terre, et j'ai hâte qu'il s'allume ! Ces paroles ne sont-elles pas en contradiction flagrante avec son enseignement ? N'y a-t-il pas blasphème à lui attribuer le langage d'un conquérant sanguinaire et dévastateur ? Non, il n'y a ni blasphème ni contradiction dans ces paroles, car c'est bien lui qui les a prononcées, et elles témoignent de sa haute sagesse ; seulement la forme un peu équivoque ne rend pas exactement sa pensée, ce qui fait qu'on s'est mépris sur leur sens véritable ; prises à la lettre, elles tendraient à transformer sa mission toute pacifique en une mission de troubles et de discordes, conséquence absurde que le bon sens fait écarter, car Jésus ne pouvait se démentir.

12. Toute idée nouvelle rencontre forcément de l'opposition, et il n'en est pas une seule qui se soit établie sans luttes ; or, en pareil cas, la résistance est toujours en raison de l'importance des résultats prévus, parce que plus elle est grande, plus elle froisse d'intérêts. Si elle est notoirement fausse, si on la juge sans conséquence, personne ne s'en émeut, et on la laisse passer, sachant qu'elle n'a pas de vitalité. Mais si elle est vraie, si elle repose sur une base solide, si l'on entrevoit pour elle de l'avenir, un secret pressentiment avertit ses antagonistes qu'elle est un danger pour eux et pour l'ordre de choses au maintien duquel ils sont intéressés ; c'est pourquoi ils frappent sur elle et sur ses partisans.

La mesure de l'importance et des résultats d'une idée nouvelle se trouve ainsi dans l'émotion qu'elle cause à son apparition, dans la violence de l'opposition qu'elle soulève, et dans le degré et la persistance de la colère de ses adversaires.

13. Jésus venait proclamer une doctrine qui sapait par leur base les abus dont vivaient les Pharisiens, les Scribes et les prêtres de son temps ; aussi le firent-ils mourir, croyant tuer l'idée en tuant l'homme ; mais l'idée survécut, parce qu'elle était vraie ; elle grandit, parce qu'elle était dans les desseins de Dieu, et, sortie d'une obscure bourgade de la Judée, elle alla planter son drapeau dans la capitale même du monde païen, en face de ses ennemis les plus acharnés, de ceux qui avaient le plus d'intérêt à la combattre, parce qu'elle renversait des croyances séculaires auxquelles beaucoup tenaient bien plus par intérêt que par conviction. Là des luttes plus terribles attendaient ses apôtres ; les victimes furent innombrables, mais l'idée grandit toujours et sortit triomphante, parce qu'elle l'emportait, comme vérité, sur ses devancières.

14. Il est à remarquer que le Christianisme est arrivé lorsque le Paganisme était à son déclin et se débattait contre les lumières de la raison. On le pratiquait encore pour la forme, mais la croyance avait disparu, l'intérêt personnel seul le soutenait. Or, l'intérêt est tenace ; il ne cède jamais à l'évidence ; il s'irrite d'autant plus que les raisonnements qu'on lui oppose sont plus péremptoires et lui démontrent mieux son erreur ; il sait bien qu'il est dans l'erreur, mais ce n'est pas ce qui le touche, car la vraie foi n'est pas dans son âme ; ce qu'il redoute le plus, c'est la lumière qui ouvre les yeux des aveugles ; cette erreur lui profite, c'est pourquoi il s'y cramponne et la défend.

Socrate n'avait-il pas, lui aussi, émis une doctrine analogue, jusqu'à un certain point, à celle du Christ ? Pourquoi donc n'a-t-elle pas prévalu à cette époque, chez un des peuples les plus intelligents de la terre ? C'est que le temps n'était pas venu ; il a semé dans une terre non labourée ; le paganisme ne s'était pas encore  usé. Christ a reçu sa mission providentielle au temps propice. Tous les hommes de son temps n'étaient pas, tant s'en faut, à la hauteur des idées chrétiennes, mais il y avait une aptitude plus générale à se les assimiler, parce que l'on commençait à sentir le vide que les croyances vulgaires laissaient dans l'âme. Socrate et Platon avaient ouvert la voie et prédisposé les esprits. 

15. Malheureusement les adeptes de la nouvelle doctrine ne s'entendirent pas sur l'interprétation des paroles du Maître, la plupart voilées sous l'allégorie et la figure ; de là naquirent, dès le début, les sectes nombreuses qui prétendaient toutes avoir la vérité exclusive, et que dix-huit siècles n'ont pu mettre d'accord. Oubliant le plus important des divins préceptes, celui dont Jésus avait fait la pierre angulaire de son édifice et la condition expresse du salut : la charité, la fraternité et l'amour du prochain, ces sectes se renvoyèrent l'anathème, et se ruèrent les unes sur les autres, les plus fortes écrasant les plus faibles, les étouffant dans le sang, dans les tortures et dans la flamme des bûchers. Les chrétiens, vainqueurs du Paganisme, de persécutés se firent persécuteurs ; c'est avec le fer et le feu qu'ils ont été planter la croix de l'agneau sans tache dans les deux mondes. C'est un fait constant que les guerres de religion ont été les plus cruelles et ont fait plus de victimes que les guerres politiques, et que dans aucune il ne s'est commis plus d'actes d'atrocité et de barbarie.

La faute en est-elle à la doctrine du Christ ? Non certes, car elle condamne formellement toute violence. A-t-il dit quelque part à ses disciples : Allez, tuez, massacrez, brûlez ceux qui ne croiront pas comme vous ? Non, car il leur a dit au contraire : Tous les hommes sont frères, et Dieu est souverainement miséricordieux ; aimez votre prochain ; aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous persécutent. Il leur a dit encore : Qui tuera par l'épée périra par l'épée. La responsabilité n'en est donc point à la doctrine de Jésus, mais à ceux qui l'ont faussement interprétée, et en ont fait un instrument pour servir leurs passions ; à ceux qui ont méconnu cette parole : Mon royaume n'est pas de ce monde.

Jésus, dans sa profonde sagesse, prévoyait ce qui devait arriver ; mais ces choses étaient inévitables, parce qu'elles tenaient à l'infériorité de la nature humaine qui ne pouvait se transformer tout à coup. Il fallait que le christianisme passât par cette longue et cruelle épreuve de dix-huit siècles pour montrer toute sa puissance ; car, malgré tout le mal commis en son nom, il en est sorti pur ; jamais il n'a été mis en cause ; le blâme est toujours retombé sur ceux qui en ont abusé ; à chaque acte d'intolérance, on a toujours dit : Si le christianisme était mieux compris et mieux pratiqué, cela n'aurait pas lieu.

16. Lorsque Jésus dit : Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix, mais la division, sa pensée était celle-ci : «Ne croyez pas que ma doctrine s'établisse paisiblement ; elle amènera des luttes sanglantes, dont mon nom sera le prétexte, parce que les hommes ne m'auront pas compris, ou n'auront pas voulu me comprendre ; les frères, séparés par leur croyance, tireront l'épée l'un contre l'autre, et la division régnera entre les membres d'une même famille qui n'auront pas la même foi. Je suis venu jeter le feu sur la terre pour la nettoyer des erreurs et des préjugés, comme on met le feu dans un champ pour en détruire les mauvaises herbes, et j'ai hâte qu'il s'allume pour que l'épuration soit plus prompte, car de ce conflit la vérité sortira triomphante ; à la guerre succédera la paix ; à la haine des partis, la fraternité universelle ; aux ténèbres du fanatisme, la lumière de la foi éclairée. Alors, quand le champ sera préparé, je vous enverrai le Consolateur, l'Esprit de Vérité, qui viendra rétablir toutes choses ; c'està-dire qu'en faisant connaître le vrai sens de mes paroles que les hommes plus éclairés pourront enfin comprendre, il mettra fin à la lutte fratricide qui divise les enfants d'un même Dieu. Las enfin d'un combat sans issue, qui ne traîne à sa suite que la désolation, et porte le trouble jusque dans le sein des familles, les hommes reconnaîtront où sont leurs véritables intérêts pour ce monde et pour l'autre ; ils verront de quel côté sont les amis et les ennemis de leur repos. Tous alors viendront s'abriter sous le même drapeau : celui de la charité, et les choses seront rétablies sur la terre selon la vérité et les principes que je vous ai enseignés.» 

17. Le spiritisme vient réaliser au temps voulu les promesses du Christ ; cependant il ne peut le faire sans détruire les abus ; comme Jésus, il rencontre sur ses pas l'orgueil, l'égoïsme, l'ambition, la cupidité, le fanatisme aveugle, qui, traqués dans leurs derniers retranchements, tentent de lui barrer le chemin et lui suscitent des entraves et des persécutions ; c'est pourquoi il lui faut aussi combattre ; mais le temps des luttes et des persécutions sanglantes est passé ; celles qu'il aura à subir sont toutes morales, et le terme en est rapproché ; les premières ont duré des siècles ; celles-ci dureront à peine quelques années, parce que la lumière, au lieu de partir d'un seul foyer ; jaillit sur tous les points du globe, et ouvrira plus tôt les yeux des aveugles.

18. Ces paroles de Jésus doivent donc s'entendre des colères qu'il prévoyait que sa doctrine allait soulever, des conflits momentanés qui allaient en être la conséquence, des luttes qu'elle allait avoir à soutenir avant de s'établir, comme il en fut des Hébreux avant leur entrée dans la Terre Promise, et non d'un dessein prémédité de sa part de semer le désordre et la confusion. Le mal devait venir des hommes et non de lui. Il était comme le médecin qui vient guérir, mais dont les remèdes provoquent une crise salutaire en remuant les humeurs malsaines du malade.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXIII - Morale étrange - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

terça-feira, 14 de janeiro de 2014

Laissez aux morts le soin d'ensevelir leurs morts

7. Il dit à un autre : Suivez-moi ; et il lui répondit : Seigneur, permettez-moi d'aller auparavant ensevelir mon père. - Jésus lui répondit : Laissez aux morts le soin d'ensevelir leurs morts ; mais pour vous, allez annoncer le royaume de Dieu. (Saint Luc, ch. IX, v. 59, 60.)

8. Que peuvent signifier ces paroles : «Laissez aux morts le soin d'ensevelir leurs morts ?» Les considérations qui précèdent montrent d'abord que, dans la circonstance où elles ont été prononcées, elles ne pouvaient exprimer un blâme contre celui qui regardait comme un devoir de piété filiale d'aller ensevelir son père ; mais elles renferment un sens profond qu'une connaissance plus complète de la vie spirituelle pouvait seule faire comprendre.

La vie spirituelle, en effet, est la véritable vie ; c'est la vie normale de l'Esprit ; son existence terrestre n'est que transitoire et passagère ; c'est une sorte de mort si on la compare à la splendeur et à l'activité de la vie spirituelle. Le corps n'est qu'un vêtement grossier que revêt momentanément l'Esprit, véritable chaîne qui l'attache à la glèbe de la terre et dont il est heureux d'être délivré. Le respect que l'on a pour les morts ne s'attache pas à la matière, mais, par le souvenir, à l'Esprit absent ; il est analogue à celui que l'on a pour les objets qui lui ont appartenu, qu'il a touchés, et que ceux qui l'affectionnent gardent comme des reliques. C'est ce que cet homme ne pouvait comprendre de luimême ; Jésus le lui apprend en lui disant : Ne vous inquiétez pas du corps, mais songez plutôt à l'Esprit ; allez enseigner le royaume de Dieu ; allez dire aux hommes que leur patrie n'est pas sur la terre, mais dans le ciel, car là seulement est la véritable vie. 

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXIII - Morale étrange - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

segunda-feira, 13 de janeiro de 2014

Quitter son père, sa mère et ses enfants

4. Quiconque aura quitté pour mon nom sa maison, ou ses frères, ou ses soeurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, en recevra le centuple, et aura pour héritage la vie éternelle. (Saint Matthieu, ch., XIX, v. 29.)

5. Alors Pierre lui dit : Pour nous, vous voyez que nous avons tout quitté, et que nous vous avons suivi. - Jésus leur dit : Je vous dis en vérité, personne ne quittera pour le royaume de Dieu, ou sa maison, ou son père et sa mère, ou ses frères, ou sa femme, ou ses enfants, - qui ne reçoive dès ce monde beaucoup davantage, et dans le siècle à venir la vie éternelle. (Saint Luc, ch. XVIII v. 28, 29, 30.)

6. Un autre lui dit : Seigneur, je vous suivrai ; mais permettez-moi de disposer auparavant de ce que j'ai dans ma maison. - Jésus lui répondit : Quiconque, ayant la main à la charrue, regarde derrière lui, n'est pas propre au royaume de Dieu. (Saint Luc, chap. IX, v. 61, 62.)

Sans discuter les mots, il faut ici chercher la pensée, qui était évidemment celle-ci : «Les intérêts de la vie future l'emportent sur tous les intérêts et toutes les considérations humaines,» parce qu'elle est d'accord avec le fond de la doctrine de Jésus, tandis que l'idée d'un renoncement à sa famille en serait la négation.

N'avons-nous pas d'ailleurs sous nos yeux l'application de ces maximes dans le sacrifice des intérêts et des affections de famille pour la patrie ? Blâme-t-on un fils de quitter son père, sa mère, ses frères, sa femme, ses enfants, pour marcher à la défense de son pays ? Ne lui faiton pas au contraire un mérite de s'arracher aux douceurs du foyer domestique, aux étreintes de l'amitié, pour accomplir un devoir ? Il y a donc des devoirs qui l'emportent sur d'autres devoirs. La loi ne fait-elle pas une obligation à la fille de quitter ses parents pour suivre son époux ? Le monde fourmille de cas où les séparations les plus pénibles sont nécessaires ; mais les affections n'en sont pas brisées pour cela ; l'éloignement ne diminue ni le respect, ni la sollicitude que l'on doit à ses parents, ni la tendresse pour ses enfants. On voit donc que, même prises à la lettre, sauf le mot haïr, ces paroles ne seraient pas la négation du commandement qui prescrit d'honorer son père et sa mère, ni du sentiment de tendresse paternelle, à plus forte raison si l'on en prend l'esprit. Elles avaient pour but de montrer, par une hyperbole, combien était impérieux le devoir de s'occuper de la vie future. Elles devaient d'ailleurs être moins choquantes chez un peuple et à une époque où, par suite des moeurs, les liens de famille avaient moins de force que dans une civilisation morale plus avancée ; ces liens, plus faibles chez les peuples primitifs, se fortifient avec le développement de la sensibilité et du sens moral. La séparation même est nécessaire au progrès ; il en est des familles comme des races ; elles s'abâtardissent s'il n'y a pas croisement, si elles ne se greffent pas les unes sur les autres ; c'est une loi de nature autant dans l'intérêt du progrès moral que dans celui du progrès physique.

Les choses ne sont envisagées ici qu'au point de vue terrestre ; le spiritisme nous les fait voir de plus haut, en nous montrant que les véritables liens d'affection sont ceux de l'Esprit et non ceux du corps ; que ces liens ne sont brisés ni par la séparation, ni même par la mort du corps ; qu'ils se fortifient dans la vie spirituelle par l'épuration de l'Esprit ; vérité consolante qui donne une grande force pour supporter les vicissitudes de la vie.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXIII - Morale étrange - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

domingo, 12 de janeiro de 2014

Qui ne hait pas son père et sa mère

1. Une grande troupe de peuple marchant avec Jésus, il se retourna vers eux et leur dit : - Si quelqu'un vient à moi, et ne hait pas son père et sa mère, sa femme et ses enfants, ses frères et ses soeurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. - Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. - Ainsi quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il a ne peut être mon disciple. (Saint Luc, ch. XIV, v. 25, 26, 27, 33.)

2. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi. (Saint Matthieu, ch. X, v. 37.)

3. Certaines paroles, très rares du reste, font un contraste si étrange dans la bouche du Christ, qu'instinctivement on en repousse le sens littéral, et la sublimité de sa doctrine n'en a subi aucune atteinte. Ecrites après sa mort, puisque aucun Evangile n'a été écrit de son vivant, il est permis de croire que, dans ce cas, le fond de sa pensée n'a pas été bien rendu, ou, ce qui n'est pas moins probable, c'est que le sens primitif a pu subir quelque altération en passant d'une langue à l'autre. Il a suffi qu'une erreur fût faite une première fois pour qu'elle ait été répétée par les reproducteurs, comme cela se voit si souvent dans les faits historiques.

Le mot hait, dans cette phrase de saint Luc : Si quelqu'un vient à moi et ne hait pas son père et sa mère, est dans ce cas ; il n'est personne qui ait eu la pensée de l'attribuer à Jésus ; il serait donc superflu de le discuter, et encore moins de chercher à le justifier. Il faudrait savoir d'abord s'il l'a prononcé, et, dans l'affirmative, savoir si, dans la langue dans laquelle il s'exprimait, ce mot avait la même valeur que dans la nôtre. Dans ce passage de saint Jean : «Celui qui hait sa vie dans ce monde, la conserve pour la vie éternelle,» il est certain qu'il n'exprime pas l'idée que nous y attachons. 

La langue hébraïque n'était pas riche, et avait beaucoup de mots à plusieurs significations. Tel est par exemple celui qui, dans la Genèse, désigne les phases de la création, et servait à la fois pour exprimer une période de temps quelconque et la révolution diurne ; de là, plus tard, sa traduction par le mot jour, et la croyance que le monde a été l'oeuvre de six fois vingt-quatre heures. Tel est encore le mot qui se disait d'un chameau et d'un câble, parce que les câbles étaient faits de poils de chameau, et qui a été traduit par chameau dans l'allégorie du trou d'aiguille. (*)

Il faut d'ailleurs tenir compte des moeurs et du caractère des peuples qui influent sur le génie particulier de leurs langues ; sans cette connaissance le sens véritable de certains mots échappe ; d'une langue à l'autre le même mot a plus ou moins d'énergie ; il peut être une injure ou un blasphème dans l'une et insignifiant dans l'autre, selon l'idée qu'on y attache ; dans la même langue certains mots perdent leur valeur à quelques siècles de distance ; c'est pour cela qu'une traduction rigoureusement littérale ne rend pas toujours parfaitement la pensée, et que, pour être exact, il faut parfois employer, non les mots correspondants, mais des mots équivalents ou des périphrases.

Ces remarques trouvent une application spéciale dans l'interprétation des saintes Ecritures, et des Evangiles en particulier. Si l'on ne tient pas compte du milieu dans lequel vivait Jésus, on est exposé à se méprendre sur la valeur de certaines expressions et de certains faits, par suite de l'habitude où l'on est d'assimiler les autres à soi-même. En tout état de cause, il faut donc écarter du mot haïr l'acception moderne, comme contraire à l'esprit de l'enseignement de Jésus.

- Allan Kardec.

(*) Non odit en latin, Kaï ou miseï en grec, ne veut pas dire haïr, mais aimer moins. Ce qu'exprime le verbe grec miseïn, le verbe hébreu, dont a dû se servir Jésus, le dit encore mieux ; il ne signifie pas seulement haïr, mais aimer moins, ne pas aimer autant que, à l'égal d'un autre. Dans le dialecte syriaque, dont il est dit que Jésus usait le plus souvent, cette signification est encore plus accentuée. C'est dans ce sens qu'il est dit dans la Genèse (ch. XXIX, v. 30, 31) : «Et Jacob aima aussi Rachel plus que Lia, et Jehova voyant que Lia était haïe...» Il est évident que le véritable sens est moins aimée ; c'est ainsi qu'il faut traduire. Dans plusieurs autres passages hébraïques, et surtout syriaques, le même verbe est employé dans le sens de ne pas aimer autant qu'un autre, et l'on ferait un contresens en traduisant par haïr, qui a une autre acception bien déterminée. Le texte de saint Matthieu lève d'ailleurs toute difficulté. (Note de M. Pezzani.)


Extrait du Chapitre XXIII - Morale étrange - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

sábado, 11 de janeiro de 2014

Le divorce


5. Le divorce est une loi humaine qui a pour but de séparer légalement ce qui est séparé de fait ; elle n'est point contraire à la loi de Dieu, puisqu'elle ne réforme que ce que les hommes ont fait, et qu'elle n'est applicable que dans les cas où il n'a pas été tenu compte de la loi divine ; si elle était contraire à cette loi, l'Eglise elle-même serait forcée de regarder comme prévaricateurs ceux de ses chefs qui, de leur propre autorité, et au nom de la religion, ont, en plus d'une circonstance, imposé le divorce ; double prévarication alors, puisque c'était en vue d'intérêts temporels seuls, et non pour satisfaire à la loi d'amour.

Mais Jésus lui-même ne consacre pas l'indissolubilité absolue du mariage. Ne dit-il pas : «C'est à cause de la dureté de votre coeur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes ?» Ce qui signifie que, dès le temps de Moïse, l'affection mutuelle n'étant pas le but unique du mariage, la séparation pouvait devenir nécessaire. Mais, ajoute-t-il, «cela n'a pas été dès le commencement ;» c'est-à-dire qu'à l'origine de l'humanité, alors que les hommes n'étaient pas encore pervertis par l'égoïsme et l'orgueil, et qu'ils vivaient selon la loi de Dieu, les unions fondées sur la sympathie et non sur la vanité ou l'ambition, ne donnaient pas lieu à répudiation.

Il va plus loin : il spécifie le cas où la répudiation peut avoir lieu, c'est celui d'adultère ; or, l'adultère n'existe pas là où règne une affection réciproque sincère. Il défend, il est vrai, à tout homme d'épouser la femme répudiée, mais il faut tenir compte des moeurs et du caractère des hommes de son temps. La loi mosaïque, dans ce cas, prescrivait la lapidation ; voulant abolir un usage barbare, il fallait néanmoins une pénalité, et il la trouve dans la flétrissure que devait imprimer l'interdiction d'un second mariage. C'était en quelque sorte une loi civile substituée à une autre loi civile, mais qui, comme toutes les lois de cette nature, devait subir l'épreuve du temps.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXII - Ne séparez pas ce que Dieu a joint - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.

sexta-feira, 10 de janeiro de 2014

Indissolubilité du mariage

1. Les Pharisiens vinrent aussi à lui pour le tenter, et ils lui dirent : Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour quelque cause que ce soit ? - Il leur répondit : N'avez-vous point lu que celui qui créa l'homme dès le commencement, les créa mâle et femelle, et qu'il est dit : - Pour cette raison, l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils ne feront plus tous deux qu'une seule chair ? - Ainsi ils ne seront plus deux, mais une seule chair. Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint.

Mais pourquoi donc, lui dirent-ils, Moïse a-t-il ordonné qu'on donne à sa femme un écrit de séparation, et qu'on la renvoie ? - Il leur répondit : C'est à cause de la dureté de votre coeur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes ; mais cela n'a pas été dès le commencement. - Aussi je vous déclare que quiconque renvoie sa femme, si ce n'est en cas d'adultère, et en épouse une autre, commet un adultère ; et que celui qui épouse celle qu'un autre a renvoyée, commet aussi un adultère. (Saint Matthieu, ch. XIX, v. de 3 à 9.)

2. Il n'y a d'immuable que ce qui vient de Dieu ; tout ce qui est l'oeuvre des hommes est sujet à changement. Les lois de la nature sont les mêmes dans tous les temps et dans tous les pays ; les lois humaines changent selon les temps, les lieux et le progrès de l'intelligence. Dans le mariage, ce qui est d'ordre divin, c'est l'union des sexes pour opérer le renouvellement des êtres qui meurent ; mais les conditions qui règlent cette union sont d'ordre tellement humain, qu'il n'y a pas dans le monde entier, et même dans la chrétienté, deux pays où elles soient absolument les mêmes, et qu'il n'y en a pas un où elles n'aient subi des changements avec le temps ; il en résulte qu'aux yeux de la loi civile, ce qui est légitime dans une contrée et à une époque, est adultère dans une autre contrée et dans un autre temps ; et cela, parce que la loi civile a pour but de régler les intérêts des familles, et que ces intérêts varient selon les moeurs et les besoins locaux ; c'est ainsi, par exemple, que dans certains pays le mariage religieux est seul légitime, dans d'autres il faut en plus le mariage civil, dans d'autres, enfin, le mariage civil seul suffit. 

3. Mais dans l'union des sexes, à côté de la loi divine matérielle, commune à tous les êtres vivants, il y a une autre loi divine, immuable comme toutes les lois de Dieu, exclusivement morale, c'est la loi d'amour. Dieu a voulu que les êtres fussent unis, non seulement par les liens de la chair, mais par ceux de l'âme, afin que l'affection mutuelle des époux se reportât sur leurs enfants, et qu'ils fussent deux, au lieu d'un, à les aimer, à les soigner et à les faire progresser. Dans les conditions ordinaires du mariage, est-il tenu compte de cette loi d'amour ? Nullement ; ce que l'on consulte, ce n'est pas l'affection de deux êtres qu'un mutuel sentiment attire l'un vers l'autre, puisque le plus souvent on brise cette affection ; ce que l'on cherche, ce n'est pas la satisfaction du coeur, mais celle de l'orgueil, de la vanité, de la cupidité, en un mot de tous les intérêts matériels ; quand tout est pour le mieux selon ces intérêts, on dit que le mariage est convenable, et quand les bourses sont bien assorties, on dit que les époux le sont également, et doivent être bien heureux.

Mais ni la loi civile, ni les engagements qu'elle fait contracter ne peuvent suppléer la loi d'amour si cette loi ne préside pas à l'union ; il en résulte que souvent ce que l'on a uni de force se sépare de soi-même ; que le serment que l'on prononce au pied de l'autel devient un parjure si on le dit comme une formule banale ; de là les unions malheureuses, qui finissent par devenir criminelles ; double malheur que l'on éviterait si, dans les conditions du mariage, on ne faisait pas abstraction de la seule qui le sanctionne aux yeux de Dieu : la loi d'amour. Quand Dieu a dit : «Vous ne ferez qu'une même chair ;» et quand Jésus a dit : «Vous ne séparerez pas ce que Dieu a uni,» cela doit s'entendre de l'union selon la loi immuable de Dieu, et non selon la loi changeante des hommes.

4. La loi civile est-elle donc superflue, et faut-il en revenir aux mariages selon la nature ? Non certainement ; la loi civile a pour but de régler les rapports sociaux et les intérêts des familles, selon les exigences de la civilisation, voilà pourquoi elle est utile, nécessaire, mais variable ; elle doit être prévoyante, parce que l'homme civilisé ne peut vivre comme le sauvage ; mais rien, absolument rien ne s'oppose à ce qu'elle soit le corollaire de la loi de Dieu ; les obstacles à l'accomplissement de la loi divine viennent des préjugés et non de la loi civile. Ces préjugés, bien qu'encore vivaces, ont déjà perdu de leur empire chez les peuples éclairés ; ils disparaîtront avec le progrès moral, qui ouvrira enfin les yeux sur les maux sans nombre, les fautes, les crimes même qui résultent des unions contractées en vue des seuls intérêts matériels ; et l'on se demandera un jour s'il est plus humain, plus charitable, plus moral de river l'un à l'autre des êtres qui ne peuvent vivre ensemble, que de leur rendre la liberté ; si la perspective d'une chaîne indissoluble n'augmente pas le nombre des unions irrégulières.

- Allan Kardec.


Extrait du Chapitre XXII - Ne séparez pas ce que Dieu a joint - de «L'Évangile selon le Spiritisme» - Allan Kardec.